Éditorial Lettre de l'Est n° 37-2024

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1 décembre 2024

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Natasa Danelciuc-Colodrovschi, « Éditorial Lettre de l'Est n° 37-2024 », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.ba7f33...


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Résumé Fr

Quel avenir européen pour les pays de l'Est ? À l'occasion du vingtième anniversaire du premier élargissement de l'Union européenne vers l'Est de l'Europe, cette question mérite d'être posée afin d'établir un bilan des évolutions et involutions relevées. En effet, le 1 er mai 2004 est une date historique. La Communauté européenne connaissait son cinquième élargissement, le plus important qu'elle ait jamais connu, en accueillant en son sein dix nouveaux États, passant ainsi de quinze à vingt-cinq membres. L'importance de cet élargissement ne résidait pas uniquement dans le nombre des nouveaux États membres, mais également, et surtout, dans le fait qu'il concernait des pays d'Europe centrale et orientale (PECO), anciens membres du bloc soviétique.Un élargissement rendu possible par la fin de la guerre froide et l'éclatement de l'URSS, en décembre 1991, et qui a permis à la Communauté européenne également de repenser son organisation et, de manière plus générale, son projet politique, qui a commencé par l'établissement, en juin 1993, des critères d'adhésion devant être remplis par les États candidats : établir des institutions stables garantissant l'État de droit, la démocratie, les droits de l'homme, le respect des minorités ; veiller à mettre en place une économie de marché viable et être en capacité de faire face à la concurrence dans l'Union européenne ; s'engager à respecter les obligations de l'UE, ainsi que les objectifs de l'union politique, économique et monétaire européenne.En revenant sur les vingt ans d'adhésion, on constate les réussites, mais également toute la complexité de l'élargissement de 2004. Du côté des réussites, les avantages économiques et financiers découlant de l'adhésion ont été le moteur de bon nombre de réformes, tant sur le plan matériel qu'institutionnel. Même si les nouveaux États membres ont pu adopter des approches différentes dans leurs politiques économiques, tel que le montre l'étude proposée par Nebojsa Vukadinovic, l'impact positif est général et reconnu en tant que tel. C'est grâce à ce succès économique que les États membres ont pu mieux faire face aux crises successives auxquelles ils ont été confrontés.Au moment de leur entrée dans l'Union européenne, les dix nouveaux États étaient également animés par une détermination et un espoir singuliers d'y trouver liberté et justice. Cette détermination a toutefois été mise à l'épreuve par d'importants défis. Les incompréhensions parfois du côté de l'Union européenne, les ambitions de certains responsables politiques du côté des États ont conduit à des désaccords profonds en ce qui concerne le respect des valeurs inscrites à l'article 2 du Traité de l'UE et des obligations qui en découlent pour les États membres. Comme le montrent les études proposées par Peter Kruzslicz, Katarzyna Kubuj et Arianna Angeli, portant sur les cas de la Hongrie et de la Pologne, les différends politiques ont trouvé une concrétisation dans les ordres juridiques nationaux, parfois même une constitutionnalisation. Du côté de l'Union européenne, les réponses à ces mesures ont été multiples, les institutions européennes souhaitant transmettre un message clair aux États membres en ce qui concerne la non-acceptation de régressions au niveau de l'obligation du respect des valeurs de l'Union et de l'État de droit.Les désaccords intervenus mettent en évidence l'importance de placer la protection des valeurs communes au centre de chaque étape du projet d'intégration européenne. Ce dont il devrait être tenu compte dans le cadre du processus d'élargissement engagé pour la Moldavie, l'Ukraine et, de plus longue date, l'Albanie, la Serbie et le Monténégro. Comme le soulignent Adrian-Gabriel Corpadean et Mihaela Oprescu, il est crucial d'examiner les expériences passées des PECO pour identifier les leçons potentielles dans la perspective de l'amélioration de l'efficacité des politiques actuelles de préadhésion, mais aussi pour stopper les pratiques politiques contraires aux principes de la démocratie et de l'État de droit, qui persistent, malgré la défense du vecteur européen dans le discours politique, tel que le montrent les études portant sur la République de Moldova et la Géorgie.Enfin, les trois autres contributions, qui traitent des questions du non-respect de certains droits et libertés en Bosnie-Herzégovine et en Roumanie, et du problème des déséquilibres institutionnels persistant en Bulgarie, rédigées respectivement par Merima Mustafic, Ramona Delia Popescu et Aleksandar Tsekov, montrent, elles aussi, que la quête de la liberté et de la justice continue d'être un objectif à atteindre à l'Est de l'Europe.Bonne lecture à toutes et à tous!

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