1995
Cairn
Jean Anscombre, « La théorie des topoï : sémantique ou rhétorique ? », Hermès, La Revue, ID : 10670/1.baf489...
La théorie des topoï que nous nous défendons avec O. Ducrot est le dernier aménagement de la théorie de l’argumentation dans la langue. Selon cette théorie, les enchaînements discursifs ont une valeur argumentative qui relève de la sémantique et non de la pragmatique. En d’autres termes, il y a une rhétorique qui est de nature linguistique et non simplement discursive. À l’époque, cette rhétorique était une rhétorique à deux termes, les arguments et les (éventuelles) conclusions. Certains contre-exemples nous ont conduits à introduire un troisième terme — le garant de l’enchaînement — que nous avons baptisé topos. Cette idée se trouve déjà chez Aristote, puis Toulmin et Perelman. Cet article examine principalement la nature de ces topoï, ainsi que leur intervention au niveau lexical. La comparaison entre les propriétés linguistiques de certains topoï représentés par des proverbes et les phrases génériques amène à postuler que le sens d’un mot est un faisceau de topoï (un stéréotype), c’est-à-dire en définitive, un faisceau de phrases génériques.