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Joffrey Paillard, « Le design urbain, une nouvelle forme de violence banalisée ? Étude des dispositifs « anti-SDF » comme impensé hostile », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.48649/pshs.305
Pour cet article, nous proposons de réfléchir à la notion délicate de banalité en nous intéressant aux « mobiliers anti-SDF », que nous préférons désigner sous la terminologie de « dispositifs de design urbain hostile » comme matrice et fondement d’une forme de violence banale et banalisée. Pour cela, nous aimerions faire l’hypothèse que l’objet urbain comme processus de design serait corrompu, qu’il serait détourné de son utilité première, comme possibilité d’outil conviviale et solidaire pour apparaître aussi sous la forme d’un dispositif sécuritaire, voire disciplinaire. Pour mener à bien cette réflexion, nous allons questionner la notion polysémique de fonction en tentant de l’explorer comme système de signes complexes et considérer la chose « fonctionnelle » en dépassant le simple domaine circonscrit de son usage. À l’aide d’une étude de cas pratique et de photos, nous observerons que désormais le design urbain peut également être punitif en infligeant une punition corporelle et humiliante à celui qui ne respecterait pas les consignes, règles et normes de la pratique collective de l’espace public. Pour finir, nous ferons un rapprochement entre la personne vivant à la rue, considérée comme « indésirable », et la notion de « mort sociale » comme subjectivité déconsidérée et exclue du groupe social et de la ville. Les objets qui composent la ville ne sont pas neutres à l’image du design urbain comme conception politique de l’espace public dont les conséquences peuvent s’apparenter à un acte de violence, pourtant minimisé par l’impensé de la pratique de design.