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1 juillet 2022

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Histoire de la France aux XIXe et XXe siècles

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Les idées de planification, d’économie mixte nous sont devenues familières. Si elles sont aujourd’hui contestées, peu de gens souhaitent revenir au capitalisme pur et dur qui régnait avant guerre. Les critiques portent davantage sur la technique du plan que l’on voudrait assouplir devant le caractère aléatoire de bien des éléments de la vie économique et sociale. Mais l’évidence contemporaine ne doit pas faire oublier l’histoire, l’origine et le long cheminement de l’idée du plan. Un premier mérite du livre de Jean-François Biard est d’ouvrir le dossier des origines dans leur relation privilégiée avec les mouvements de la gauche française et de reconstituer les débats auxquels le plan a donné lieu dans l’entre-deux guerres. En renonçant à la révolution, en s’engageant délibérément dans une voie réformiste, les planistes se heurtèrent à la résistance de Léon Blum et de la majorité de la SFIO. Car le mythe révolutionnaire semblait encore pouvoir seul assurer l’unité du socialisme... En suivant l’histoire de la planification nous sommes ainsi conduits à des méditations toujours actuelles sur la stratégie de la gauche. Il n’y a pas de plan possible dans les batailles de classes. Peut-il y en avoir comme objet d’un rassemblement national ? Une telle interrogation pourrait bien être l’un des principaux enseignements de cette histoire. Mais Jean-François Biard pousse encore plus loin l’analyse et montre à quel point, chez ceux qui combattirent le plan, la distinction du « modèle » révolutionnaire - la société socialiste future - et du programme de portée immédiate ne répond pas seulement à un souci stratégique mais traduit aussi une structure de pensée, celle par laquelle l’« autre monde », la cité idéale, doit être maintenu dans sa pureté et non dégradé par la recherche de solutions intermédiaires. Le lecteur passe ainsi de la page d’histoire à une réflexion générale sur l’effet de besoin d’absolu chez l’homme. Là comme ailleurs, est toujours posé le problème des rapports de la réforme et de la révolution. Evoquer ces perspectives, c’est montrer l’intérêt de ce livre, à la fois pour la connaissance de notre histoire et pour la réflexion sur des problèmes dont le temps n’a pas aboli l’actualité. L’histoire du mouvement ouvrier n’est pas seulement celle de ses combats, elle est aussi celle de ses problèmes, de ses avancées et de ses échecs dans la tâche, sans cesse renouvelée, qui est toujours, pour reprendre l’expression de Jaurès, « d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ».

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