8 février 2021
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Simon Mangon, « Quand le journaliste saute de classe. La consécration par l'État des "médias citoyens". », HAL-SHS : sociologie, ID : 10.3917/pdc.014.0035
Après les attentats contre Charlie Hebdo en janvier 2015, les autorités publiques françaises ont mis en place des dispositifs d’éducation aux médias et à l’information (EMI) dans les établissements scolaires afin de renforcer « l’esprit critique » du jeune public pour lutter contre la « radicalisation ». Cette enquête se penche sur l’investissement d’acteurs peu étudiés dans les travaux sur l’EMI, les journalistes, et notamment ceux des médias locaux dits « citoyens ». En prenant pour cas d’étude la région Sud, l’article montre comment des agents pourtant marginaux dans le champ journalistique local et critiques à l’égard des autorités sont consacrés par les dispositifs publics. L’aide étatique ne vient pas seulement légitimer une certaine conception du journalisme, elle incite également les médias à se « professionnaliser » et à se « réformer » pour sortir de la précarité. Ainsi, l’article développe l’hypothèse d’un gouvernement à distance d’une partie du champ journalistique par une administration publique, qui a le pouvoir de définir des critères de professionnalité et des « bonnes pratiques » journalistiques. À travers la promotion de l’EMI et d’un « journalisme citoyen », cet article interroge en définitive le rôle de l’État dans le processus de reconnaissance d’une profession en quête constante d’autonomie.