1 décembre 2022
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Grégor Marchand, « Contre le Mésolithique », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.bd5f85...
Défini d'abord comme un étage stratigraphique, le terme de Mésolithique s'est vu rapidement accolé un certain nombre de préjugés évolutionnistes que cet article propose de décortiquer. L'hypothèse d'une transition technique et culturelle très graduelle depuis les temps glaciaires est désormais acceptée par de nombreux spécialistes de la période. Les systèmes techniques du début de l'Holocène sont si différents sur le continent européen qu'on voit mal comment encore évoquer une définition technique unitaire du Mésolithique. Dans le domaine des économies de subsistance, la question d'une préparation ou non aux développements des économies agro-pastorales du Néolithique reste sous-jacente. La manipulation du monde végétal sur l'actuel territoire français lors des cinq premiers millénaires de l'Holocène a fait l'objet d'intenses débats, que ce soit au sujet des pollens de céréales à des dates antenéolithiques, le stockage des noisettes aux 9 ème et 8 ème millénaires avant notre ère ou le contrôle des incendies. Les travaux archéologiques actuels tendent à les mettre en doute. Les travaux en paléoécologie conduisent vers des images forestières assez cohérentes à l'échelle du continent, tandis que les premières analyses paléo-génétiques permettent d'évoquer un nappage humain lui aussi homogène en Europe pour les premiers millénaires de l'Holocène, mais ces paramètres ne peuvent définir le Mésolithique. Ce terme résulte d'une erreur initiale dans la taxinomie archéologique et il conviendrait de replacer ces groupes dans le Paléolithique plutôt que d'en faire un stade de transition économique ou sociale. Des pistes de recherche d'ordre paléosociologiques sont évoquées, dans des approches nécessairement sans finalisme.