16 décembre 2022
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Héctor Cavallaro, « "Téléologie négative" : comportements (éthologie) et mouvements (cinématique) de musiques non téléologiques. », Theses.fr, ID : 10670/1.bdvudz
L’écriture musicale occidentale s’est pendant longtemps construite à l’image d’un dispositif discursif et temporel privilégiant le déploiement linéaire et causal de la forme. Ainsi, le mouvement de la matière musicale – et avec lui, le sens musical lui-même – se trouvait pris « sur les rails » d’un parcours directionnel évolutif, c’est-à-dire, téléologique. Cependant, cette apparence « téléologique » de la musique, à savoir, sa suite temporelle « conformément au temps » ne serait qu’un artifice (Adorno, 2011 [1974] : 45). Dès qu’on le regarde de près, le temps en musique dévoile sa véritable image, proche plutôt d’une « lave » informe qu’on module à chaque fois en articulant et désarticulant ses propriétés. Ainsi, avec la modernité musicale apparaitront plusieurs mises en question et renversements du paradigme téléologique. L’analyse d’un certain nombre d’œuvres de Debussy, Schoenberg, Cage, Ligeti et Feldman nous conduira alors à questionner : que se passe-t-il dans les musiques non-téléologiques ? Quels types de mouvements (« cinématique ») existent à l’intérieur de ces musiques ? Comment les analyser, comment décrire leurs comportements (« éthologie ») afin de saisir leurs formes esthétiques ? Comment décrire la multiplicité de dimensions différentes qui entrent en jeu lorsque nous analysons esthétiquement des musiques qui échappent à une compréhension téléologique ? Quels rapports entretiennent ces musiques au « telos » et à la négation de celui-ci, au « discours » signifiant et aux « figures » non signifiantes, à la « transcendance » et à l’« immanence » ? Comment penser et nommer le sens musical en dehors du paradigme téléologique, c’est-à-dire, quels nouveaux « faire sens » émergent de ces musiques ?