28 novembre 2023
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Véronique Le Ru, « Temps, mémoire et identité », HAL-SHS : philosophie, ID : 10.4000/carnets.14948
Dans l’espèce humaine, ce qui définit principalement un individu, c’est sa personnalité et son histoire, c’est-à-dire la conscience du processus d’individuation qui régit l’histoire du moi. Nous nous demanderons dans un premier temps comment se construisent la conscience de soi et l’identité du moi et comment s’articulent temps, mémoire et identité dans l’histoire du moi. Puis, nous interrogerons l’histoire du moi quand celui-ci traverse une crise d’identité. Nous prendrons l’exemple de la crise d’identité du moi consubstantielle à l’expérience des camps d’extermination et nous verrons qu’une autre articulation du temps, de la mémoire et de l’identité se fait jour pour constituer, par l’expérience poétique, le garde-fou d’une mémoire collective. Notre hypothèse est que la poésie est un fait social total unifiant le groupe et lui assignant un rythme et une identité par la mémoire collective construisant, à travers le culte des héroïnes et des héros, l’histoire du groupe. Pour tester cette hypothèse, nous mettrons en évidence cette fonction originaire de la poésie de construire la « personne morale » ou le moi collectif du groupe dans les expériences extrêmes que furent les camps d’extermination nazis à travers les récits de Robert Antelme et de Charlotte Delbo. Quand l’humain est confronté à une expérience extrême comme celle de devoir survivre dans un camp d’extermination nazi, il lui faut, pour tenir, renouer avec la fonction primitive de la poésie d’exprimer une personnalité ou une mémoire collective.