2016
Cairn
Nicolas Claidière et al., « Comment articuler les sciences de la vie et les sciences sociales à propos des relations humains / animaux ? Un modèle interactionniste et évolutionniste », L'Année sociologique, ID : 10670/1.beafce
Le modèle développé dans cet article vise à éclairer les relations interspécifiques en articulant les vues proposées dans la sociologie interactionniste, d’une part, et l’éthologie – et plus largement les sciences du comportement –, d’autre part. Ce modèle est centré sur l’interaction sociale et ses effets. Il repose sur l’idée selon laquelle la condition minimale de l’existence de faits sociaux et culturels n’est pas une identité partagée – de représentations, de comportements, d’une capacité à lire les intentions d’autrui, à imiter, à manipuler des symboles, ou encore une compréhension ou un sens communs. C’est une condition beaucoup moins restrictive : la possibilité d’ajustement pratique entre deux êtres au cours de leurs interactions – condition qui peut être réalisée entre deux êtres très différents. Un tel modèle fait ressortir avec acuité de nombreux phénomènes produits par les interactions – et tout particulièrement les interactions interspécifiques – qui échappent nécessairement aux perspectives appuyées sur les différentes déclinaisons du principe d’identité, en particulier celles qui restreignent le social learning à un mécanisme de copie – d’imitation. Pour illustrer ce modèle, nous nous appuierons sur l’étude des relations que les humains entretiennent avec deux espèces : les chiens et les macaques de Barbarie.