Les sorties de route d'une exposition convenue au CCI

Résumé Fr En

« La mesure du temps » est une exposition réalisée par le centre de Création industrielle au Centre George Pompidou avec le ministère de l'industrie dans le cadre d'INOVA 79. Son commissaire, le théoricien en design et concepteur Thierry Chaput a alors pour mission de faire de cet évènement, consacré à la valorisation de l'innovation technique, l'occasion d'un état de la technologie horlogère. Il faut dire que l'exposition suit de près plusieurs évènements marquants dans l'histoire de la métrologie du temps, de la chronobiologie et des modes de communication. C'est pourquoi nous nous attarderons à contextualiser cette exposition qui n'a pas eu le droit à un catalogue, bien que ce ne soit pas là l'objet principal de notre recherche. En effet, ce qui est plus distinctif encore pour cette exposition est moins dans son contexte historique que dans la capacité de son commissaire à travailler sous contrainte. La petitesse du lieu et du budget accordé par le CCI à l'exposition à laquelle s'ajoute la contrainte de l'itinérance et d'INOVA 79 font de celle-ci un parfait exemple d'évènement mesuré résistant par tous les moyens à la démesure du sujet qu'il aborde. Il est vrai que face aux autres ex-positions de Thierry Chaput « La mesure du temps » fait exception dans l'inconsistance de sa mise en scène et la rigidité de la chronologie qui s'y installe. Dès lors qu'advient-il du rôle de commissaire dans cette exposition impossible ? Que reste-t-il de Thierry Chaput dans ces 51 panneaux suspendus à l'identique comme autant de potentiels restés en suspens ? Avec ces questions en tête, avancer sur les traces, aussi minces soient-elles, de cette exposition amène à voir son déroulement sous un autre jour : les plus petites exceptions faites à la ligne de conduite de cette exposition historique et progressiste prennent une tout autre dimension. On peut alors postuler qu'à travers ces hors champs, ces moments où le ton, le propos ou l'intention de l'exposition change momentanément alors que rien ne laissait deviner cet à-côté, nous pourrons peut-être retrouver l'individualité de Thierry Chaput au sein du CCI. D'autres documents sur les expositions qui ont précédé ou suivi « La mesure du temps »ainsi que les quelques écrits de leur commissaire seront également utiles pour continuer de sortir l'exposition des cadres où elle a été mise. Ainsi finirons-nous de démontrer que, contre toute attente, un tel évènement n'était pas condamné à être une illustration du progrès entre les mains de Thierry Chaput, lui qui avait toutes les clefs en main pour comprendre à quel point « la mesure du temps de plus en plus précise pèse sur l'activité économique et sociale de notre vie et sur son évolution. »

“La mesure du temps” was an exhibition produced in 1979 by the Centre de création industrielle at Centre George Pompidou with the french ministry of industry as a part of the INOVA 79 event. The curator of this exhibition was a design theorist and designer named Thierry Chaput. This event was essentially made for the promotion of technical innovation but Thierry Chaput saw this event as an opportunity to present a state of the art of watchmaking technology. It must be said that the exhibition closely followed several significant revolutions in the history of time metrology, chronobiology and communication technologies. Even if it's not the main subject of this article, the exhibition must be contextualized because there is no trace of a catalogue related to it. Indeed, what one must focus on for such a small exhibition is in the ability of its curator to work under pressure. The small size and budget of the exhibition granted by the CCI along with the constraints of a traveling and promotional event for the Inova 79, make it a perfect example of discrepancy between a really large subject and a small exhibition. In view of Thierry Chaput's other exhibitions, “La mesure du temps” is an exception because of the austerity of its scenography and the restraining chronology that the exhibi-tion follows. But with such constraints, was Thierry Chaput really able to fulfil his role as a curator ? Is there any evidence that something remain from him in this exhibition ? With this article we will try to understand how the curator of this exhibition dealt with various types of constraints by analysing even the smallest exceptions with regard to the historical and progressive guide line of this exhibition. We can postulate that through these detours (these moments when the tone, the subject or the purpose of the exhibition change momentarily) we will be able to find Thierry Chaput's individuality within the CCI's history. Other documents about earlier or more recent exhibitions from him and some of his writings will also be useful for this analysis to take the exhibition beyond his established frames. Thus, we will end by demonstrating that, against all expectations, such an event was not condemned to be an illustration of progress in Thiery Chaput's hands.