2007
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Jérôme Delatour, « «Les armes en main et les larmes aux yeux». Le procès de Cinq-Mars et de Thou », Publications de l'École Française de Rome, ID : 10670/1.begn73
Pour les contemporains, l’affaire Cinq-Mars fut une seconde journée des Dupes. Pour les historiens, elle forme une synthèse du ministériat de Richelieu. Le procès qui s’ensuivit fut un de ses chefs-d’oeuvre. Du choix des coupables à la mise en scène de l’exécution, le Cardinal en régla les moindres détails, avec la permission explicite du roi. Le sort de Cinq-Mars ne posait pas problème. Celui de François-Auguste de Thou, son complice, était plus délicat ; sa culpabilité, indéniable, manquait de preuves formelles. Richelieu décida pourtant de le faire périr, suivant son intime conviction. Les relations du temps témoignent d’abondance de la façon dont le peuple s’empara de l’événement pour énoncer son propre jugement. Condamnant les deux criminels, il les pleura pourtant et les déclara martyrs. Jugement irrationnel, déporté sur le terrain de la religion ? Prudence élémentaire, plutôt ; au lendemain de la mort de Richelieu, plusieurs voix s’élevèrent pour faire du Cardinal un bourreau et un tyran, occultant, ce faisant, la responsabilité du roi.