25 juin 2024
info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Matthieu Hagenmüller, « Discours de l’autorité et du pouvoir. L’iconographie funéraire de la violence dans l’Égypte des IIIe et IIe millénaires avant J.-C. », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10670/1.beu4dv
L'un des traits les plus constants des programmes décoratifs des tombes de l'élite égyptienne est l'idéal de non-dangerosité qui opère une sélection sur les motifs pouvant être intégrés à l'univers productif et cultuel déployé sur les murs. La présence de scènes de violence y est le résultat d'une sélection dont les objectifs vont de la recherche de la distinction du défunt, à travers un détail original ou la reprise de motifs royaux, à l'intégration de logiques de contrôle dans le monde projeté sur les murs. Les motifs de violence se différencient selon la réalité à laquelle ils se réfèrent, leur chronologie ou les connotations qu'ils portent dans l'économie générale du programme : les grands types en sont les redditions de comptes et les scènes de police, les punitions, les images de guerre, les processions de prisonniers et l'insertion de motifs royaux médiés. Émerge une logique disciplinaire, dont l'étude nécessite de croiser approche sémiologique et théorie de l'agence, à travers laquelle est mis en scène un ordre fait de relations de pouvoir et de contrôle. La violence y fonctionne ainsi comme un opérateur de définition des positions sociales, de hiérarchisation et de création d'habitus. Au-delà d'une analyse sur les conceptions égyptiennes de la violence légitime, de ses conditions et de ses limites, il s'agit donc d'interroger sa place dans l'un des discours les plus riches, ainsi que la revendication élitaire d'une appropriation de la violence.