2017
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Martin Heidegger, « Vers une définition de la philosophie », L'Ordre philosophique, ID : 10670/1.bf001b...
Qu’est-ce que philosopher en temps de crise ? Suffit-il de recourir aux «valeurs» pour échapper à la détresse du présent ? Quels sont les liens entre la pensée, la science et la vie ?Ces questions sont au cœur des deux premiers cours de Martin Heidegger prononcés à l’université de Fribourg en 1919, au lendemain de la défaite allemande. Ces leçons marquent la toute première expression publique d’une pensée qui cherche les mots pour se dire et une méthode pour accéder à son domaine. Le jeune Heidegger débat avec ses contemporains, surtout les philosophes néokantiens, de la notion de «culture» qui a perdu de son évidence après quatre années de déferlement de violence. De là l’ébauche d’une réflexion sur l’essence de l’Université qui trouvera son achèvement catastrophique dans le Discours du rectorat de 1933. Derrière la critique du concept de la culture et des «valeurs» pointe pourtant déjà le souci de rapporter la philosophie au vécu dans sa dimension quotidienne, le plus souvent occultée par la théorie de la connaissance. Au-delà du contexte historique, ces cours annoncent sur un mode clair et pédagogique les gestes théoriques qui seront déployés dans Être et Temps (1927): déconstruction de la tradition philosophique, interrogation sur le sens de l’historicité, analyse de la vie facticielle (qui ne se nomme pas encore «existence»), souci de retour aux «choses mêmes» par-delà les objectivations de la science, lien essentiel entre le sujet et le monde. À ce titre, ces cours constituent un document exceptionnel pour approcher une œuvre aussi essentielle que controversée.La pensée de Martin Heidegger (1889-1976), dont l’œuvre publiée traverse le xxe siècle, a profondément marqué la philosophie des dernières décennies tout en étant régulièrement l’objet de vifs débats en raison de l’engagement, un temps, du philosophe en faveur du parti national-socialiste.Traduit de l’allemand par Sophie-Jan Arrien et Sylvain Camilleri.Sommaire : Pages de début (p. 3-6)| Présentation (p. 7-16)| [3] Remarque préliminaire. Science et réforme de l’Université (p. 19-22)| [7] Introduction (p. 23-29)| Premier chapitre. Recherche d’une voie méthodique (p. 33-49)| [29] Deuxième chapitre. Critique de la méthode téléologique-critique (p. 51-87)| Premier chapitre. Analyse de la structure du vécu (p. 91-105)| [77] Deuxième chapitre. Le problème des présuppositions (p. 107-126)| [95] Troisième chapitre. La science originaire comme science pré-théorique (p. 127-152)| [121] Introduction (p. 155-163)| Premier chapitre. La genèse de la philosophie des valeurs à titre de philosophie contemporaine de la culture (p. 167-178)| [140] Deuxième chapitre. Windelband ou la fondation de la philosophie transcendantale des valeurs (p. 179-211)| [169] Troisième chapitre. La continuation de la philosophie des valeurs chez Rickert (p. 213-221)| Présentation (p. 224-254)| [205] Annexe I. Sur l’essence de l’université et des études académiques (p. 255-265)| Annexe II. L’idée de la philosophie et le problème des visions du monde (p. 267-274)| [221] Postface à l’édition allemande (p. 275-278)| [225] Postface à la seconde édition allemande (1999) (p. 279)| Pages de fin (p. 281-288).