2017
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Raymond Reau et al., « Évolutions récentes des pratiques de grande culture en France métropolitaine : techniques de raisonnement et usages des intrants », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.bf3d1f...
Les techniques de raisonnement et les outils d’aide à la décision proposés en grande culture à partir des années 1980 ont-ils permis aux agriculteurs de maîtriser et d’optimiser l’usage des intrants de synthèse ? Cette question est traitée pour le domaine de la grande culture en France métropolitaine. L’analyse porte sur les évolutions récentes des techniques de raisonnement, en lien avec les réglementations, comme des pratiques agricoles en matière de fertilisation et de protection phytosanitaire resituées dans leurs systèmes de culture et leurs exploitations agricoles. Dans cette étude, les enquêtes « pratiques culturales » de 1994, 2001, 2006 et 2011 du Ministère de l’Agriculture sont la principale source de données.L’usage des engrais et pesticides de synthèse s’est développé après 1950 dans un contexte d’agrandissement et de spécialisation des exploitations agricoles, et plus récemment de simplification des assolements et des rotations, ainsi que du travail du sol. Différentes réglementations ont vu le jour à l’échelle nationale et européenne pour encadrer l’usage des engrais de synthèse (dès les années 1990), et des pesticides (dès les années 2000) de manière à limiter leurs impacts négatifs sur l’environnement notamment.La forte hausse de la fertilisation azotée de synthèse s’est achevée dans les années 1980. Les baisses observées depuis s’expliquent par la substitution d’une partie des engrais de synthèse par de la fertilisation organique apportée avant ou sur la plupart des têtes de rotation. Au début des années 2010, les parcelles en grande culture recevaient environ un apport organique tous les quatre ans. Les raisonnements et les outils d’aide à la décision proposés pour la fertilisation azotée ont permis de réduire les engrais de synthèse dans les parcelles venant de recevoir un engrais organique. Si la quantité de substances actives de pesticides appliquées stagne, cela cache une hausse continue du nombre d’applications, des indices de fréquence des traitements phytosanitaires des grandes cultures, comme du nombre de doses unitaires vendues en France (NODU). Les outils existants ne semblent pas suffisants pour contribuer à une baisse de l’usage des pesticides. Pour faire face au défi de l’agroécologie et de l’injonction concernant la maîtrise de l’usage des intrants promus par les pouvoirs publics depuis les années 2010, les outils de raisonnement de demain devront aller au-delà de leurs logiques actuelles d’efficience et de substitution, en permettant aux agriculteurs et à leurs conseillers de développer des démarches plus stratégiques et globales.