Les députés socialistes face à de Gaulle : analyse d’une décision critique (13 mai – 1er juin 1958) Socialist Parliamentarians Facing de Gaulle : Analysis of a Critical Decision (May 13 - June 1, 1958) Fr En

Résumé Fr En

Ce travail de thèse analyse le vote d’investiture du général de Gaulle à Paris le 1er juin 1958 comme un cas empirique de « décision critique ». Il se donne pour tâche d’expliciter les processus décisionnels à l’origine des prises de position des députés socialistes. La classe des « décisions critiques » délimite un ensemble de décisions caractérisées par : 1) des risques personnels ; 2) des risques pour autrui ; et 3) un verrouillage des possibles dans l’avenir. Cette enquête évalue dans un premier temps la pertinence d’une série d’hypothèses explicatives centrées sur la culture politique héritée, les menaces et les engagements, et les interactions entre groupes parlementaires. Face à la portée explicative de chacune d’elle – c’est-à-dire à leurs apports et à leurs limites – il apparaît nécessaire de fournir une explication qui intègre ces trois types de causes mais ne s’y réduit pas. Les interactions internes au groupe, dans la mesure où elles conditionnent les effets de la culture politique, des menaces et des engagements, et des interactions intergroupes, constituent la pierre angulaire des processus décisionnels à l’oeuvre dans le groupe parlementaire socialiste. Ces derniers sont marqués par l’émergence progressive d’un clivage cognitif parmi les membres du groupe, à l’origine de leur division le 1er juin.

This inquiry analyzes General de Gaulle's investiture vote in Paris on June 1, 1958 as an empirical case of "critical decision". It is aimed at clarifying the decisional processes behind Socialist deputies’ stances. The class of “critical decisions” defines a set of decisions characterized by: 1) personal risks; 2) risks for others; and 3) a lockdown of possibilities in the future. This work first assesses the relevance of a series of explanatory hypotheses centered on the inherited political culture, strategic actions (threats and commitments) and interactions between parliamentary groups. Faced with the explanatory scope of each of them - that is to say, their contributions and their limits - it appears necessary to provide an explanation that integrates these three types of causes but goes beyond them. Internal group interactions, insofar as they condition the effects of political culture, strategic actions and intergroup interactions, constitute the cornerstone of the decisional processes at work in the Socialist parliamentary group. The latter are marked by the gradual emergence of a cognitive divide among the members of the group, which led to their division on June 1.

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