5 juin 2018
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Émilie Millet et al., « La tombe princière de Lavau et le concept d’un artisanat de cour », HAL-SHS : archéologie, ID : 10670/1.bgwyve
L’idée d’un « artisanat de cour » : dans la tombe de Lavau, l’existence d’artisans hors pair environnant le milieu princier se retrouve très concrètement à travers plusieurs productions dont la découverte récente est venue offrir à la communauté scientifique un rare ensemble « princier » de La Tène A1. Le contexte chronologique tardif de cet ensemble se reflète dans la composition du dépôt funéraire, empreint tant du « standard » hallstattien, que de nouveautés laténiennes. On y perçoit l’entretien de probables relations à longue distance, et donc la réception d’objets « de luxe », supports de multiples figurations méditerranéennes. Ces dernières ne sontelles pas susceptibles d’avoir influencé ou inspiré le milieu artisanal local, privilégiant des « commandes » spécifiques destinées à mettre en avant la place et le rôle du prince dans la société ? Une poignée de tombes fastueuses bien documentées, à l’exemple de Lavau, permettent de forger les contours d’un « artisanat de cour » propre à ces sociétés protohistoriques, dont on retrouve parmi les ingrédients principaux l’attachement à une caste dirigeante et à un pôle territorial attractif, la mise en œuvre de techniques de haut niveau ou hyperspécialisées, d’origine pouvant être éclectiques, et l’expérimentation artistique. Dans ce milieu, la maîtrise technique de l’artisan se met au service de l’artiste et l’on voit bien les liens qui unissent la genèse du premier style celtique à l’ébullition de cet artisanat de cour ouvert aux influences et accédant, par sa proximité avec le pouvoir, aux registres méditerranéens. On perçoit dès lors, à travers un nombre limité d’objets, la main de maîtres artisans cultivés évoluant dans un cadre dépassant celui de l’atelier et œuvrant à la diffusion d’un nouveau répertoire stylistique.