État, langues, antinomie. La dynamique ethnolibérale des réformes institutionnelles en Belgique

Résumé Fr En

Cet article explique comment l’État belge en est venu à réunir dans une seule structure trois modèles étatiques qui privilégient respectivement le niveau national, le niveau infranational et le niveau supranational. Sa première partie, à la fois historique et théorique, présente la genèse de cet État, qui est abordée à travers le concept d’antinomie. Les trois parties suivantes étudient les effets de l’antinomie sur les institutions belges, sur la gestion par l’État des autonomismes « flamand » et « wallon » et, enfin, sur sa politique socio-économique depuis les années 1960. Une dernière partie s’arrête brièvement aux rapports dialectiques entre cette politique, qualifiée ici d’ethnolibérale, et la « construction européenne ».

This paper shows how the Belgian state has evolved towards a structure combining three state models which favor respectively the national, subnational and supranational level. In a first, both historical and theoretical part, it presents the genesis of the state, through the concept of “antinomy”. The next three sections study the effects of antinomy on the Belgian institutions, on the way the state deals with “Flemish” and “Walloon” autonomism, and, lastly, on its socio-economic policy since the 1960s. A final part takes a glance at the dialectic relations between this policy, qualified here as “ethnoliberal”, and the “European construction”.