2022
Cairn
Caroline Graille, « A-t-on vraiment lu Jean Guiart ? », Journal de la Société des Océanistes, ID : 10670/1.bhfvg0
Quel que soit l’hommage qu’on veuille lui rendre, il n’est guère facile de dépasser le caractère « inflammatoire » de la personnalité de Jean Guiart. Sur la Nouvelle-Calédonie et le monde kanak, le « sens commun savant » résume souvent son œuvre à une somme de réquisitoires aussi provocateurs qu’implacables à l’encontre de ceux qui avaient suivi ses traces et, avant lui, celles du pasteur Leenhardt, ce dernier étant considéré comme le fondateur de l’ethnologie néo-calédonienne, mais aussi comme le chantre d’une « théologie politique » peu scientifique (Bensa et Bourdieu, 1985). Fidèle jusqu’au bout à celui qu’il continuât de désigner comme son « maître », pourfendeur de toute recherche accusée de déroger à une rigueur méthodologique qu’il avait du mal à appliquer lui-même (Douglas, 1975 ; Panoff, 1971), Guiart s’est attiré en cinq décennies tant d’ennemis dans les cercles scientifiques, que sa contribution pourtant indéniable à nos connaissances anthropologiques sur la Nouvelle-Calédonie s’en trouve largement délaissée.