2 mai 2022
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Léo Noyer Duplaix et al., « La manufacture royale Van Robais, dite des Rames à Abbeville (Somme) », HAL-SHS : histoire de l'art, ID : 10670/1.biwo9h
Depuis l’époque médiévale, l’industrie drapière constitua la spécificité d’Abbeville. Au XVIIe siècle, la politique colbertiste mercantiliste et interventionniste profita à la cité picarde. Afin de relancer la production de draps de luxe en France, Colbert fit venir un hollandais, Josse Van Robais, qui y fonda une manufacture de draps fins. Jouissant de nombreux privilèges, la famille Van Robais édifia au début du XVIIIe siècle - probablement sur les plans d’Isaac Robelin –, tout un ensemble en bord de Somme connu sous la dénomination de « manufacture des Rames ». Celle-ci comprenait notamment une demeure patronale - un luxueux hôtel particulier – et deux vastes ailes d’ateliers. Préfigurant le capitalisme moderne, les Van Robais effectuèrent sur ce site l’une des premières tentatives de regroupement des activités manufacturières afin d’assurer une surveillance constante de la main d’œuvre. À la fin du XVIIIe siècle, la manufacture des Rames s’effondra. Devenue l’ombre d’elle-même, elle fut vendue et abrita aux XIXe et XXe siècles une filature de laine et une usine de sparterie, un dépôt d’approvisionnement ou encore un commerce d’épicerie en gros. Se dégradant malgré les protections successives et partielles au titre des Monuments historiques, l’ensemble fut acheté dans les années 1980 par la Ville d’Abbeville, qui lotit la partie ouest et laissa le reste se dégrader plus encore, avant de le revendre à un promoteur privé en 2004.