2006
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Ronald Jaubert et al., « Chapitre 7 – Exploitation et contrôle de la steppe : de la sécurité militaire à la sécurité environnementale », MOM Éditions, ID : 10670/1.bjw14v
La production ovine a connu une très forte croissance entre 1974 et le début des années 1990. L'exploitation des surfaces de parcours steppiques par les troupeaux nomades et semi-nomades a été profondément transformée grâce à la généralisation des moyens de transport mécaniques permettant de véhiculer dans la steppe l'eau, les aliments du bétail ainsi que les troupeaux. Les circuits de migration, qui étaient étroitement liés aux tribus et aux droits d'accès aux puits, sont aujourd'hui fortement atomisés. Les migrations des troupeaux sont organisées et gérées le plus souvent individuellement. Le pâturage des steppes qui était, jusqu'aux années 1960, la première source d'alimentation des troupeaux transhumants ne fournit que moins de 10 % des apports annuels. L'alimentation des troupeaux est principalement constituée de céréales, d'aliments concentrés et du pâturage des résidus de cultures irriguées. Les priorités des interventions étatiques dans la steppe ont oscillé entre la préservation de la végétation et l'appui à l'augmentation de la production, un premier programme de stabilisation et de gestion de l'élevage nomade fut mis en place en 1964. Ce programme reposait sur la création de coopératives d'élevage qui devaient notamment assurer le contrôle du pâturage des aires de parcours dans la steppe. Cet objectif ne fut jamais réalisé ; les coopératives dès 1974 devinrent des unités d'approvisionnement en aliment du bétail. Après l'échec des tentatives d'incitation des éleveurs à planter des buissons fourragers, l'action du ministère de l'agriculture se concentra sur la création d'aires protégées. En 1995, les cultures furent strictement interdites dans la steppe et un programme de mise en valeur couvrant trois millions d'hectares fut initié en 1999. Ce programme, apparemment novateur en matière de participation des populations, est dans les faits étroitement centré sur un objectif de restauration de la végétation. La validité des objectifs du programme et sa zone d'intervention révèlent une vision fortement biaisée des réalités.