Introduction

Résumé 0

Depuis le tournant du siècle dernier, thèses déclinistes et collapsologie saturent le discours politique et médiatique, remettant toujours la catastrophe au premier plan. Les essais à son sujet abondent (Jean-Pierre Dupuy, Henri-Pierre Jeudy, Catherine et Raphaël Larrère, Jean-Luc Nancy…) et les multiples manifestations scientifiques ou artistiques qui lui sont consacrées en sont la preuve. Le renouveau des études sur la catastrophe tend sensiblement à la dénaturaliser afin de mettre en lumière la responsabilité de l’activité humaine et sa puissance destructrice. Longtemps envisagée, dans une perspective judéo-chrétienne, comme l’avènement inévitable d’un châtiment divin projetant la civilisation vers sa fin, la catastrophe ne peut aujourd’hui plus être dissociée d’une responsabilité humaine. L’essor des théories de l’effondrement impose donc de penser la catastrophe avec une urgence renouvelée. L’heure n’est plus à la conjecture ou à la prévision car le discours catastrophiste, que son relais soit scientifique, médiatique, politique ou artistique, ne cesse d’alerter sur la multiplication des catastrophes, nous invitant par là même à redessiner les contours d’une notion qui, jusque récemment, se caractérisait par sa dimension unique, inédite, et imprévisible. Par sa multiplication, elle se normalise, se banalise, si bien que c’est sa définition même qui s’en voit modifiée. Puisque la rhétorique de la catastrophe est omniprésente, tout événement dramatique est-il désormais voué à lui être assimilé, lui retirant ainsi l’exceptionnalité qui l’a longtemps caractérisée ?

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