Le développement urbain de Grenade : les réalités historiques jusqu’au XIIe siècle

Résumé Fr

Grenade, en tant que centre urbain, n’existe qu’à partir du début du XIe siècle (de notre ère). Elle se substitue, à l’époque des taifas, à un chef-lieu de province (ou kūra) assez important appelée Ilbīra (ancien évêché romain d’Iliberri). Cette ville d’Elvira, située à une dizaine de kilomètres à l’ouest de l’actuelle Grenade, est florissante au Xe siècle, sous le califat de Cordoue. Mais dès le IXe siècle, lors des luttes entre Arabes et néo-musulmans qui agitent la fin de l’émirat omeyyade, se développe à l’emplacement actuel de Grenade et de l’Alhambra une implantation d’éléments arabes opposés aux muwallad-s (convertis autochtones, implantés à Ilbīra). Cette localité de Ġarnāṭa « double » désormais le chef-lieu de la province, sans que l’on puisse suivre très facilement les conditions de son évolution, jusqu’au début du XIe siècle, où la dynastie berbère des Zīrīdes qui s’est installée à Elvira/Grenade lors de la crise et de la disparition du califat de Cordoue, entre 1009 et 1031, choisit de s’installer à Ġarnāfla, plus facile à défendre en raison de sa topographie, et d’y faire transférer la population d’Ilbīra. Désormais la capitale régionale sera Grenade, le site ancien d’Elvira étant complètement abandonné (et redécouvert seulement au XIXe siècle). Les données d’ensemble et de détail de cette évolution durant les VIIIe-Xe siècles ont fait l’objet de beaucoup de controverses, en particulier liées à la question de la localisation de l’Iliberri romaine (et de l’évêché des IVe-VIIe siècles), que certains auteurs situent à l’emplacement actuel de Grenade et non pas sur celui de l’actuel site archéologique d’Elvira. On essaie dans cette communication de donner une idée de cette histoire et de cette historiographie complexes, souvent polémiques, en insistant surtout sur les premiers siècles.