1 octobre 2006
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1298-0390
All rights reserved , info:eu-repo/semantics/openAccess
Estelle Djibré, « Les agents thermaux à l'épreuve des mots autour des maux de l'âme et des maux du corps », Face à face, ID : 10670/1.bmouy9
Dans les établissements de thermalisme, tout est fait pour rappeler au curiste que la cure est un acte médical. Rien d'étonnant dès lors à ce que l'usager compare souvent l'agent thermal qui lui prodigue les soins à un « petit infirmier ». Et pourtant, il ne s'agit que d'un employé de service rendu aux personnes dans le domaine de la santé (une femme dans 95% des cas). Embauché sans ou avec peu de qualification, c'est un profane en matière de maladies chroniques qui doit trouver des mots pour soigner les maux du corps. Cet article questionne la construction des inégalités de sexe dans les établissements thermaux, en centrant l'attention sur la relation au client. Par le biais de l'usage que fait le personnel de ses émotions, entre la maîtrise et le contrôle, on verra que le rapport au corps ainsi que les échanges langagiers qui en découlent sont au cœur de leurs pratiques de « compassion » et de « détachement » uriste et des représentations du « masculin » et du « féminin » qui les sous-tendent. On rendra compte ainsi, du caractère socialement construit de l'inégalité entre agents dans les thermes qui s'inscrit dans les rapports sociaux de sexe que structure la domination du masculin sur le féminin. Les employeurs, sous la pression étatique, accentuent encore la division sexuelle du travail en favorisant la dimension technique de l'activité au détriment de la dimension relationnelle, c'est-à-dire la production des soins (savoir-faire) sur la fidélisation de la clientèle (savoir-être).