Histoires de famille

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Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas et Les Buddenbrook de Thomas Mann ont en commun d’aborder les problèmes relatifs au crédit dans l’optique d’une simple histoire de famille. Dans les deux cas, une part essentielle de l’intrigue est le mouvement d’une chute qui a pour raison d’être la duplicité d’un individu à l’endroit du cercle de famille, la chose étant longtemps dissimulée. La réussite sociale et financière d’un personnage se double d’une défaillance spectaculaire. La famille apparaît ici comme un condensé de la société entière ; et le mouvement de déclin affecte aussi bien les valeurs financières que les valeurs morales. Les avatars de l’argent sont multiples, imprévisibles, ce qu’on sait depuis la Banqueroute de Law en 1720. L’analyse proposée par les romans est à chaque fois d’une grande précision, à la hauteur de ce que disent les traités d’économie du moment, le jeune Marx par exemple. On y trouve notamment une réflexion importante sur la nécessité de la garantie dans la perspective du crédit, et sur sa fragilité constitutive, sa quasi-impossibilité. On formule à la fin l’hypothèse suivante : les romans dans lesquels le crédit intervient sous un angle familial, ou simplement intime, s’accompagnent, sur un mode direct ou non, d’une théorie du roman, le plus souvent esquissée. L’exemple par excellence étant The Confidence-Man de Melville. L’espace du roman est sans aucun doute celui qui est le plus accueillant pour comprendre cette chose nouvelle au XIXe siècle que sont les principales opérations du crédit.

In Le Comte de Monte-Cristo by Alexandre Dumas and Buddenbrooks by Thomas Mann, credit matters are explored through a simple family story. In both novels, a significant part of the plot describes a fall which originates from the long-hidden duplicity of one member of the family. The social and financial success of that person turns into a spectacular failure. Family here stands for the entire society, and moral values as well as financial ones are affected by that fall. As people have known since John Law’s bankruptcy in 1720, financial concerns are numerous and beyond forecast. Both novels develop here an analysis which is in each case highly accurate and as pertinent as the analysis proposed in books which specialize in economics, such as the ones written by the young Marx. Both novels show, for example, the need for a credit guarantee, and raise questions about its inner frailty – and perhaps impossibility. By way of conclusion, we propose the hypothesis that the novels that deal with credit matters, from a family or an intimate point of view, tend to directly or indirectly embody a theory of novel, or at least sketch such a theory. The Confidence-Man by Melville stands for the best example of this. In the end, the space of novel appears to be most open and welcoming to credit matters, and even able to make clear what credit operations are.

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