1983
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René Van Compernolle, « Femmes indigènes et colonisateurs », Publications de l'École Française de Rome, ID : 10670/1.bt9c2a
L'analyse des très rares sources qui font allusion à la participation de femmes aux entreprises coloniales grecques nous conduit à penser que, d'une façon générale, les femmes grecques n'ont pas joué le moindre rôle dans la colonisation. Dans les temps les plus reculés de l'époque archaïque, les colons grecs, chassés brutalement de leur patrie, que ce soit par la faim ou pour quelque raison politique ou autre, partaient seuls fonder la colonie : la conquête d'une χώρα et l'enlèvement — de force ou consenti — de femmes indigènes assura la survie de la fondation. La société grecque du monde colonial était donc une société très différente de celle de la Grèce propre : grecque par les hommes, elle était indigène par les femmes. La femme indigène doit avoir joué un rôle non négligeable dans l'élaboration de cette société : ce rôle devrait permettre d'expliquer certaines caractéristiques propres aux différentes colonies dans le domaine religieux, dans le domaine linguistique et dans l'éventuelle présence d'influences indigènes dans la documentation archéologique, surtout en ce qui concerne les objets à usage domestique quotidien.