17 juin 2019
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Ayub Mursalin, « LES RESTRICTIONS À LA LIBERTÉ DE RELIGION ET DE CONVICTION EN INDONÉSIE : GENÈSE ET ENJEUX CONTEMPORAINS DE LA LOI ANTI-BLASPHÈME DE 1965 », HAL-SHS : droit et gestion, ID : 10670/1.bu14hh
Plusieurs controverses sont apparues ces dernières années concernant la nature de la loi sur le blasphème dans la vie religieuse de la société démocratique indonésienne. En avril 2010, la Cour constitutionnelle indonésienne a établi une décision que cette loi ne correspondait pas à la restriction de la liberté de religion et d’expression en matière religieuse. Si cette loi a bien pour objectif de restreindre en la matière, selon la Cour, cela ne signifie pas que cette forme de restriction est inconstitutionnelle dès lors que la Constitution de 1945 en vigueur s’accompagne d’une restriction légale au respect ou à la sauvegarde des valeurs religieuses en particulier, à côté de la moralité, de la sécurité et de l’ordre public. Toutefois, les débats et les tensions au sein de la société concernant l’application de cette loi perdurent sans relâche. À travers une analyse de son contenu juridique et de sa mise en application, nous considérons que la loi anti-blasphème de 1965 a visé en premier lieu à entraver le déploiement des courants de croyance spirituelle locale ou des courants mystiques javanais qui, dans une certaine mesure, sont considérés par les musulmans en particulier comme une menace pour les religions existantes et pour la désintégration du pays. Dans un second temps, nous verrons que l’existence de ladite loi est davantage destinée à restreindre le nombre des religions reconnues par l’État d’une part, et à réprimer les courants religieux « dissidents » ou « hétérodoxe » d’autre part. Ainsi, la loi anti-blasphème de 1965 est plutôt utilisée pour restreindre la liberté de religion et de conviction au sens large.