27 mai 2015
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Cédric van Appelghem, « Le rôle et l'efficacité du conseil d'administration selon sa sympathie à l'égard du dirigeant : le cas des firmes françaises cotées », HAL-SHS : droit et gestion, ID : 10670/1.bvsc8i
Notre thèse s'intéresse aux conséquences de la sympathie du conseil d'administration (CA) vis-à-vis du dirigeant en termes de politique financière et de performance de la firme. La gouvernance d'entreprise est généralement étudiée à l'aide de la théorie de l'agence. Elle conçoit le CA comme un dispositif de surveillance disciplinaire du dirigeant protégeant les droits des financeurs. Il s'assure que les décisions prises par le dirigeant sont conformes aux intérêts des financeurs. Cette vision de la gouvernance s'oppose à celle défendue par la théorie de la dépendance aux ressources. Selon cette dernière, le CA a avant tout un rôle d'accompagnement stratégique du dirigeant. Il exerce un rôle d'interface entre la firme et son environnement, ce qui permet au dirigeant de prendre des décisions créatrices de valeur. La surveillance disciplinaire et l'accompagnement stratégique sont peu compatibles. La composition du CA détermine quel rôle est renforcé au détriment de l'autre. Ainsi, les administrateurs en relation avec le dirigeant accroissent les compétences d'accompagnement stratégique du CA tandis que sa capacité à restreindre la marge de manœuvre du dirigeant diminue. Nous nous sommes focalisés sur 78 grandes entreprises françaises cotées. Nous avons convenu qu'un administrateur peut être en relation avec le dirigeant s'ils appartiennent aux mêmes réseaux d'anciens étudiants d'une institution universitaire donnée. Les données de gouvernance utilisées ont été collectées manuellement dans les rapports annuels émis par les firmes entre 2007 et 2011. Les informations concernant les dirigeants et les administrateurs sont issues dictionnaire biographique Who's Who in France 2013 ou dans les notices biographiques des rapports annuels. Nous avons tout d'abord pu constater que la présence d'administrateurs en relation avec le dirigeant conduit à une diminution du niveau de dividendes. En même temps, le dirigeant favorise un financement par des dettes au détriment des capitaux propres. Nous avons également montré que cette relation dépend de la structure de propriété de la firme. Ainsi, le constat précédent demeure pour les firmes au capital fortement concentré, ce qui est conforme à la théorie de la dépendance aux ressources. En revanche, le dirigeant préfère financer la firme par capitaux propres mais le niveau de dividendes reste inchangé dans le cas des firmes au capital dilué. Ceci est conforme à la théorie de l'agence. Ainsi, la capacité du dirigeant à décider d'une politique financière servant ses intérêts à l'aide de ses relations sociales dépend de la structure de propriété de la firme. Lorsque le capital est concentré, l'actionnaire majoritaire préfère financer la firme par de la dette obtenue à moindre coût grâce au dirigeant et ses relations sociales. Cela empêche l'entrée d'autres actionnaires au capital. Le fait de ne pas verser de dividendes permet de renforcer les capacités financières de la firme. Lorsque le capital est dilué, le dirigeant peut éviter la pression disciplinaire de l'endettement. Suite à cela nous avons montré, conformément à cette même théorie, que le coût du capital croît lorsque des administrateurs connaissent le dirigeant. La relation est plus forte pour les firmes peu connues des marchés. Enfin, la performance croît en fonction de la sympathie du CA. Cela est conforme à la théorie de la dépendance aux ressources. Nous nous sommes également aperçus que l'effet bénéfique des relations du dirigeant se retrouve uniquement pour les firmes en phase de croissance. Ainsi, même si elle est source de coûts d'agence, la sympathie du conseil d'administration à l'égard du dirigeant est bénéfique pour les firmes ayant besoin d'accompagnement stratégique tandis qu'elle est davantage néfaste aux firmes parvenues à maturité.