6 juillet 2022
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Moctar Diouf, « La végétation dans les villes sénégalaises au regard des changements socio-environnementaux : le cas de l'agglomération dakaroise et des villes de Touba, Ziguinchor et Tambacounda », HAL-SHS : géographie, ID : 10670/1.by7fuq
Cette thèse étudie la place de la végétation urbaine et périurbaine et son évolution au regard des changements démographiques, sociaux, économiques et environnementaux dans l'agglomération dakaroise et dans trois des principaux centres régionaux sénégalais : Touba, Ziguinchor et Tambacounda. L'évolution est envisagée depuis l'indépendance (1960) et le début de la période de fort déficit pluviométrique connu par l'Afrique de l'Ouest sahélienne et soudanienne (1968-1995). La démarche méthodologique s'articule autour d'une étude de télédétection, s'appuyant principalement sur des données Landsat, pour la cartographie de l'occupation du sol et sur un travail de terrain combinant inventaire de la végétation ligneuse dans quelques îlots ciblés dans des quartiers socialement contrastés et enquêtes auprès des habitants et des acteurs. La cartographie par télédétection multi-dates (1973, 1990/92 et 2017) met principalement en évidence d'importantes modifications de la place de la végétation en fonction des villes et des quartiers, par-delà le recul des surfaces végétalisées liée à la forte extension spatiale des villes d'étude nourrie par l'exode rural causé par la dégradation des systèmes ruraux bousculés par la grande crise climatique des années 1970-1990. L'emprise croissante du bâti, du réseau viaire ou des équipements a engendré un fort recul des superficies en végétation affectant aussi les zones traditionnelles d'agriculture urbaine dans l'agglomération dakaroise, à Ziguinchor et, dans une moindre mesure, à Tambacounda où la croissance urbaine est plus modérée. Pourtant, notamment dans la période plus récente, la place de la végétation augmente dans certains quartiers et au sein et aux abords de l'aire urbaine de Touba-Mbacké où l'urbanisation a pour conséquence la présence accrue de la végétation (îlot vert). Dans le détail, lorsque l'on change d'échelle, les études de terrain révèlent une dissémination de la végétation au sein du tissu urbain qui prend des formes diverses où prédomine la végétation domestique (arbres de cour et de devanture, clôtures arborées ?), sur l'action publique (plantations d'alignement, jardins publics, parcs urbains, forêts urbaines/périurbaines). Bousculée par l'urbanisation, l'agriculture urbaine tente, sous l'impulsion des habitants, de se maintenir. L'inventaire floristique des ligneux révèle une moindre diversité dans les quartiers populaires (sauf à Ziguinchor) où, en dehors de la végétation domestique, la végétation publique se réduit souvent au neem (Azadirachta indica). Dans les quartiers résidentiels aisés, la flore ligneuse est plus diversifiée avec des ligneux fruitiers, mais aussi des arbres plantés pour leur qualité esthétique. S'appuyant sur les enquêtes, l'analyse des discours montre le maintien voire l'extension des usages alimentaires, médicinaux, ou répondant à la demande en bois-énergie. L'analyse des perceptions des habitants montre leur préoccupation face à la pression accrue sur la ressource liée à ces usages, mais aussi la dégradation des services écosystémiques entrainés par le recul et l'artificialisation des surfaces végétalisées et par la faiblesse des politiques publiques urbaines environnementales. Pourtant, en contexte sahélien, le rôle positif de la présence de la végétation sur le climat urbain atténuant la température et évitant la constitution d'un îlot de chaleur urbain est net.