26 février 2022
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Pierre-Jacques Pernuit, « In Media Res : l'art américain de la Mobile Color, 1910-1970 », Theses.fr, ID : 10670/1.byow95
Entre les années 1910 et le début des années 1970, de nombreux appareils chromolumineux inventés aux États-Unis furent décrits par leurs créateurs comme les supports techniques d’un médium inédit de la création, d’un tout nouvel art visuel. Ce qui fut baptisé dans ces années par une cohorte de critiques enthousiastes l’« art de la Mobile Color », désigne une pratique de la projection de compositions visuelles abstraites au moyen de dispositifs optiques permettant la commande d’images en temps réel. L’exemple paradigmatique de ce courant fut ce que l’artiste Thomas Wilfred [1889-1968] nommait « Lumia », un art qui rencontra en Amérique du Nord un succès public retentissant dans l’entre-deux-guerres et dont les échos critiques et institutionnels se prolongèrent jusque dans l’après-guerre. Nombreux furent les tenants et les émules de cette pratique projective qui fut qualifiée de huitième ou sixième art, à l’image des artistes-inventeurs Claude Bragdon [1866-1946], Charles Dockum [1900-1970], Mary Hallock-Greenewalt [1871-1950], ou encore Van Dearing Perrine [1869-1955]. À travers le prisme rétrospectif de l’archéologie des médias, et en retraçant de fait une filiation entre l’art de la Mobile Color et les pratiques contemporaines de l’écran, cette thèse explore une tendance majeure de l’histoire de l’art américain qui eut pour dynamique structurelle une série de réévaluations des théories de l’abstraction picturale à l’aune des métamorphoses successives de l’imagerie technique au XXe siècle. L’étude est rythmée par quatre chapitres qui offrent à l’histoire de la Mobile Color une armature chronologique et théorique au moyen de quatre vis-à-vis avec les histoires culturelles et matérielles des médias de la peinture, du cinéma, de la télévision et de l’ordinateur.