Aux sources britanniques des salles d’asile française

Résumé Fr

Dans les histoires de la préscolarisation en France, les références à l’Infant Schoolbritannique sont récurrentes, y compris sous la plume du ministre Salvandy (Rapport de Salvandy et ordonnance royale sur l'organisation des salles d'asile, 22 décembre 1837). Les travaux sur l’histoire de la prise en charge de la petite enfance et les circulations internationales en la matière ont montré la pluralité des propositions qui ont pu nourrir l’élaboration des institutions françaises, relativisant parfois aussi les emprunts outre-Manche. Pourtant, les références à Owen lui-même et son Infant school, en particulier, sont déjà présentes dans les écrits des premiers organisateurs de l’accueil collectif des jeunes enfants en France. Mais les français qui se sont rendu en Grande-Bretagne pour observer les Infant schools se sont très majoritairement rendus dans des établissements londoniens. Or, Owen lui-même avait amplement critiqué l’Infant school de Brewer’s Green à Londres, prétendument inspirée de celle qu’il avait créée en Écosse à New Lanark, et où œuvrait son ancien maître James Buchanan. En outre, à la même période, des établissements pensés notamment par Samuel Wilderspin ont été ouverts sous la même dénomination. Il convient alors de s’interroger, en confrontant ce que l’on sait de l’Infant School écossaise (écrits d’Owen, archives de la famille Buchanan, témoignages de visiteurs…) et des projets des premiers organisateurs de l’éducation collective des jeunes enfants en France, sur ce qui a pu passer des valeurs et projets pédagogiques défendus par Owen dans celui des institutions françaises. La dimension proprement pédagogique, encore peu étudiée, nous permet en effet ici d’apporter un éclairage complémentaire aux travaux antérieurs, mettant en lumière la similitude entre des outils et techniques utilisés et des divergences, notamment en ce qui concerne la place de la religion.