2006
Cairn
Jean-Charles Lallemand, « Biélorussie 2005 : Le spectre de la « révolution colorée » », Le Courrier des pays de l'Est, ID : 10670/1.c0ggqf
Craignant sans doute les «révolutions colorées» qui se sont multipliées dans l’espace post-soviétique, le président Alexandre Loukachenko n’a eu de cesse en 2005 de conforter son assise nationale, répétant à maintes reprises qu’il n’y aurait pas de «révolution orange» ou autre dans son pays. Quelle que soit la détermination de l’opposition, le durcissement du régime lui a laissé peu d’espace pour s’exprimer. Et l’annonce inattendue, le 16 décembre 2005, par la Chambre basse du Parlement, de la date anticipée du prochain scrutin présidentiel, fixée au 19 mars 2006, l’a prise de court, comme beaucoup d’observateurs. Si les opposants ont donc peu de temps pour se préparer à cette échéance, cela ne les a toutefois pas empêchés de poursuivre leur mouvement d’unification, permettant à la figure d’Alexandre Milinkevitch d’émerger. Sur fond de répression tous azimuts, à laquelle répond la montée d’un discours de fermeté en provenance de l’Occident, les résultats économiques du pays, particulièrement satisfaisants, contribuent à accréditer l’idée d’un modèle national de développement, réputé entièrement imputable au Président biélorusse : la croissance est remarquable, le taux de chômage plus bas que jamais, l’inflation maîtrisée et le solde de la balance commerciale quasiment équilibré, notamment du fait de la croissance des exportations vers l’Europe. Dès lors, peut-on s’étonner de la cote de popularité significativement stable et élevée d’A. Loukachenko, auprès d’une population consciente des bienfaits de la stabilité économique, quitte à faire taire ses récriminations sur d’autres sujets ?