2022
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Aurore Flipo et al., « Projet RE-ACTEURS : Réseaux d'acteurs, innovation et gouvernance de la mobilité: La transition mobilitaire en territoire peu dense », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.c149b3...
Le projet ré-acteurs a exploré les réseaux d’acteurs locaux porteurs d’innovations autour de la mobilité dans des territoires peu denses pour décrire (1) leur fonctionnement, les liens sociaux et géographiques qui constituent le cadre de leurs interactions, (2) les visions de société et les enjeux portés par les membres de ces collectifs. L’objectif était de comprendre les modes de gouvernance et de régulation qui en découlent ainsi que la capacité des acteurs à transformer le territoire en mobilisant des approches anthropologiques, sociologiques et géographiques sur les réseaux d’acteurs. Notre analyse est centrée sur les réseaux d’acteurs porteurs d’initiatives dans la Vallée de la Drôme et l’Ardèche méridionale, deux territoires qui disposent d’un certain dynamisme en matière d’altermobilité. Ces deux territoires, comparables par leur dimension, leur densité et leur appartenance à une même région (Auvergne-Rhône-Alpes), nous permettent d’interroger l’existence de modèles territoriaux, et d’interroger les leviers d’action et les obstacles découlant de modes d’organisation et de structuration des acteurs sur des territoires différents. Ce projet a relevé les difficultés liées à la complexité de la gouvernance de la mobilité à l’échelle du territoire pour expliquer le manque de cohérence globale de la prise en charge de cette question. Nous avons montré que la mobilité est un objet écartelé et disputé entre de multiples compétences et de multiples échelles d’action, aboutissant à un millefeuille territorial qui implique des acteurs nombreux et hétérogènes, aux objectifs parfois divergents, freinant d’autant l’unification autour d’une politique de mobilité consistante. Plusieurs leviers sont susceptibles d’être des moteurs de changement. Malgré sa complexité, le millefeuille institutionnel peut aussi permettre d’articuler les compétences et les financements pour porter des projets qui ne pourraient voir le jour s’ils étaient portés par une seule collectivité. Ce potentiel dépend de la capacité des acteurs à coopérer et à travailler ensemble, de manière articulée et cohérente. Elle impose donc d’avoir un constat partagé sur la problématique de la transition mobilitaire, des références communes, ainsi qu’un lieu de discussion et de négociation dans lequel les compétences et la légitimité de chacun sont reconnues. Les associations ont un rôle central dans la formulation des problèmes publics sur le territoire. Mais si les associations sont souvent convoquées pour leur expertise ou au titre de la participation citoyenne, leur pouvoir décisionnaire reste faible et dépendant de la bonne volonté des autorités locales à leur donner une capacité d’action. Leur capacité à coopérer est alors décisive pour peser dans le jeu d’acteurs et contrebalancer l’éclatement des compétences et des responsabilités. De même, les possibilités de dissémination des initiatives dépendent directement de la coordination qui est effectuée au niveau du territoire par les EPCI (communautés de communes, parc naturel régional, pays) et/ou par les associations. Cependant, le fait que la transition mobilitaire en territoire rural repose essentiellement, pour l’heure, sur des initiatives locales pose de multiples questions en termes de justice spatiale et mobilitaire.