3 décembre 2021
Open Access , http://purl.org/eprint/accessRights/OpenAccess
Nicolas Bel, « La stèle funéraire au Proche-Orient hellénistique et romain : une typologie pour la Syrie du Nord », Theses.fr, ID : 10670/1.c14pd5
En se concentrant sur le nord de la Syrie et l’extrême sud-est de la Turquie (Antiochène, Cyrrhestique, Zeugma, Hiérapolis, côte syrienne, Apamène, Émésène) du IIIe s. av. J.-C. au IIIe s. apr. J.-C., et en réalisant une sélection de stèles funéraires représentatives des différentes typologies repérées (corpus de 180 stèles portant un décor en relief, qu’il soit figuratif ou non), l’objectif de ce travail est de mettre en évidence l’existence, dans la sculpture funéraire, de modèles ou d’influences extérieures qui se seraient mêlés à des usages locaux. Il en ressort une grande variété de types correspondant à des micro-régions. Le phénomène principal, y compris à l’époque romaine, est la forte empreinte de l’hellénisme, caractérisé par des marqueurs tels que la référence à l’édicule architecturé à fronton, des choix de cadrage (défunt couché, défunt debout de face), une mode vestimentaire et une posture (palliatus). Les marqueurs de romanité sont plus difficiles à saisir : la représentation du défunt en buste, seul ou en famille, l’insistance sur la représentation d’accessoires signifiants (volumen, fuseau et quenouille). En outre, une importante série de stèles portant des motifs métaphoriques (aigle, corbeille, couronne) pour figurer le défunt, sont caractéristiques de la partie nord-est de la zone (Cyrrhestique centrale, Zeugma, Hiérapolis) et sont contemporaines des stèles à buste dans ces secteurs géographiques à l’époque romaine. Au sein de cette série, il a été possible de distinguer des syntaxes iconographiques différentes entre d’un côté Zeugma, qui emploie des motifs métaphoriques isolés pour représenter les défunts (aigle pour l’homme, corbeille pour la femme), et de l’autre Hiérapolis et la Cyrrhestique, où les motifs sont combinés (aigle et couronne pour l’homme, aigle et corbeille pour la femme). Cette tradition de représentation métaphorique ne semble se rattacher ni à l’influence grecque ni aux usages romains. L’Apamène et l’Émésène sont également marquées par une tendance à la non-représentation du défunt. L’introduction du modèle de la stèle à buste dans un territoire fortement hellénisé n’a pas pu être clairement cernée : le rôle des colonies et de l’armée romaine a été interrogé, sans apporter d’éléments décisifs. L’exceptionnel ensemble de stèles militaires à décor figuratif d’Apamée-de-l’Oronte semble s’être développé de manière isolée.