2025
Cairn
Anastasia Tsapanidou, « Pourquoi l’espace constantinopolitain du XIXe siècle devient-il un espace littéraire exceptionnel », Études Balkaniques, ID : 10670/1.c17501...
Les dimensions symboliques de l’espace constantinopolitain sont presque innumérables. En effet, il s’agit d’un point géographique diachroniquement fameux et profondément gravé dans la conscience humaine, grâce aux multiples visages dont l’ont doté ses divers maîtres au fil du temps historique : Grecs, Romains, Byzantins, Francs, Ottomans, Turcs. Donc, l’espace constantinopolitain s’offre aisément à une immense variété de représentations littéraires reliées à un vaste éventail de points de vue et d’idéologies (historiques, socio-économiques, politiques, géographiques, géophysiques, ethniques, topographiques, touristiques, théologiques, etc.). D’autre part, l’espace constantinopolitain est surtout une formation urbaine qui évolue pendant le xixe siècle au fur et à mesure qu’elle suit l’urbanisation européenne. On sait que l’urbanisation intense de cette période modifie et renouvelle les formes et le contenu de la représentation littéraire de l’espace européen, autant urbain que rural. De même que l’on remarque une augmentation gigantesque de la production littéraire qui s’emploie notamment à décrire et à interpréter les grandes formations urbaines de son temps : les grandes villes, les capitales, les métropoles. À notre avis, dans le cas de Constantinople, cette nouvelle tendance de la littérature du xixe siècle peut exploiter des données supplémentaires et exceptionnelles, qui agissent de manière cumulative sur celles produites par la coexistence unique et féconde entre l’espace géographique, politique, socio-économique et culturel de cette ville et son extrême énergie historique. Dans notre article, nous nous penchons sur ces caractéristiques spéciales de Constantinople, et nous expliquons pourquoi l’étude de son espace littéraire peut aboutir à un axe de recherche en soi.