21 novembre 2017
https://www.openedition.org/12554 , info:eu-repo/semantics/openAccess
Éric Vuillard et al., « Dialogue : De l’histoire à la littérature », Quodlibet, ID : 10670/1.c2a7bh
En répondant aux questions de Pierre Schoentjes, Éric Vuillard précise que le choix de sujets historiques pour ses romans, où il est question de dominants et de dominés, de pauvres et de riches, est lié aussi à notre contexte actuel, où l’on assiste à une aggravation de ces inégalités et à une concentration du pouvoir politique sur un petit nombre d’individus. Il ne vise donc pas un récit de conciliation car il est conscient du fait que l’histoire est un processus conflictuel. Même si la notion d’engagement appartient à une autre saison politique et littéraire, il trouve légitime le point de vue de Sartre selon lequel aucune littérature ne peut se prétendre indépendante des événements. Mais cette conscience des rapports de la littérature à l’histoire et à la politique ne débouche nullement sur une attitude abstraitement idéologique, car elle s’appuie sur une perception aiguë du concret naturel et sur des stratégies de représentation et d’argumentation très efficaces, telles que la digression et l’opposition, fondées sur des principes d’association et de juxtaposition qui produisent du sens. Une pratique du montage permet ainsi de repérer des relations significatives entre les événements, les choses, les êtres, entre le passé et le présent.