De La Mettrie à Sénèque : la politique de la « parole du fond du tombeau » dans l’Essai sur la vie de Sénèque de Diderot

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11 décembre 2024

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Shun Sugino, « De La Mettrie à Sénèque : la politique de la « parole du fond du tombeau » dans l’Essai sur la vie de Sénèque de Diderot », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.4000/12vcx


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Résumé En Fr

In Diderot’s Essay on the Life of Seneca, a famous sentence asserts, “One can only think, one can only speak forcefully from the depths of one’s grave: it is there that one must place oneself, it is from there that one must address men.” This quotation follows a passage sharply criticizing La Mettrie’s Anti- Seneca, presented as a corrupt philosopher, in contrast to the ideal of the death-defying philosopher represented by Seneca or Diogenes, who “forcefully” confront sovereign power. This article analyzes the concept of “speech from the grave” in the context of the Essay’s apologetic project. By outlining two distinct models of the philosopher in the political arena, Diderot creates an imaginary community around the figure of Seneca who utters “the word from the depths of his grave”, thereby engaging readers and his own posterity. In the background, Diderot himself projects himself as speaking from the depths of his own grave.

la politique de la « parole du fond du tombeau » dans l'Essai sur la vie de Sénèque de Diderot « On ne pense, on ne parle avec force que du fond de son tombeau : c'est là qu'il faut se placer, c'est de là qu'il faut s'adresser aux hommes ». Cette célèbre phrase, issue de l'Essai sur la vie de Sénèque 1 , a été lue comme un testament philosophique de Diderot dans sa vieillesse, imprégné d'un ton fortement politique : le contexte de son voyage en Russie et de son intervention dans l'Histoire des deux Indes nous amène d'abord à interpréter cet appel à la postérité sous ce prisme. Cependant, en remplaçant ce passage dans la structure d'ensemble de l'Essai, nous pourrons dégager une autre interprétation, articulant le dispositif de la « parole du fond du tombeau » au projet apologétique global de l'Essai : nous verrons comment la logique et la temporalité qui sous-tendent ce projet supposent l'établissement d'une communauté imaginaire unie autour de la figure idéale du philosophe confronté au pouvoir despotique. S'esquisse alors un rapport original et jusqu'ici peu étudié de Diderot au modèle.La Mettrie : un (faux) modèle de Diderot ?C'est l'Anti-Sénèque de La Mettrie qui nous fournira l'angle d'attaque : la phrase en question se situe juste après la longue critique de Diderot contre la forme de matérialisme qu'il y développe, en s'affirmant « anti-stoïcien 2 ». Accueilli à la cour de Frédéric II en tant que lecteur de latin, La Mettrie écrit l'Anti-Sénèque comme préface à sa propre traduction du Traité de la vie heureuse de Sénèque. L'ouvrage, paru à Potsdam en 1748, est remanié et réédité à plusieurs reprises jusqu'à sa mort en 1751. Tout comme la controverse entourant son fameux Homme-machine en 1747, la polémique suscitée par son ouvrage, qui revendique son « antistoïcisme » et semble subversif aux yeux de ses contemporains, se répand rapidement dans toute l'Europe et persiste jusqu'à la fin du siècle. Près de 30 ans après sa publication, Diderot critique l'Anti-Sénèque dans son Essai, considérant son prédécesseur comme un modèle du philosophe corrompu.Certes, étant donné que l'un des objectifs principaux de l'Essai est de défendre Sénèque contre ses détracteurs anciens et modernes, il est logique que Diderot critique ce fameux ouvrage contemporain anti-stoïcien. Cependant, selon Aram Vartanian, il existe une autre raison,

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