1 janvier 2019
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Claude Salicis et al., « Un atelier de métallurgie et son campement au lieu-dit Avdar Khad dans la vallée du Khoid Tamir en Mongolie », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.c54a42...
La république de Mongolie et la principauté de Monaco coopèrent dans le domaine de l’archéologie depuis 2006 sur le site de Tsatsyn Ereg situé dans la province de l’Arkhangai, à 40 km de la ville de Tsetserleg, sur la rive gauche du Haut Tamir (Khoid Tamir). Le site d’Avdar Khad se trouve à 11 km de Tsatsyn Ereg. L’équipe conjointe est composée de membres de l’Institut d’Histoire et d’Archéologie de l’Académie des Sciences de Mongolie et du Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco auxquels sont associées les compétences de plusieurs organismes français publics, dont le CNRS, et associatifs, dont l’IPAAM. Il s’agit d’une mission permanente, dénommée « Khoid Tamir - Khünüin Gol », oeuvrant plus précisément autour du mamelon de Tsats Tolgoi et dont le programme, placé sous l’égide de l’UNESCO, a pour objectifs de mener des recherches scientifiques et d’appliquer les résultats à la promotion et à la protection du patrimoine. Le site de Tsatsyn Ereg était répertorié, jusqu’à présent, comme présentant essentiellement une concentration de tombes et de complexes funéraires appelés « kherigsurs » associés à 114 stèles ornées dénombrées à ce jour et dites « pierres à cerfs ». De façon générale, la première surprise des archéologues fut, en effet, la quantité importante tant des impressionnants tumulus de pierres que des stèles ornées disséminés dans toute la steppe mongole (1240 répertoriées à ce jour). Dès 1300 av. n. è., le territoire actuel de la Mongolie abritait donc une population dont le nombre d’individus avait été largement sous-estimé.Le peu d’informations archéologiques collectées dans des contextes autres que funéraires accroît considérablement l’intérêt du site d’Avdar Khad. Les enjeux scientifiques sont en effet importants, car il s’agit de populations nomades, sans écriture, établies au nord de la Grande Muraille, longtemps caricaturées comme des hordes de cavaliers « barbares », sans véritable territoire, ni capitale. L’art rupestre s’est avéré être une source d’informations incontournable sur le bestiaire et l’armement de ses habitants. Les cervidés, les poignards, les couteaux, les haches et les arcs gravés sur les menhirs de granite appartiennent au registre scytho-sibérien répertorié sur toute la grande steppe. Les cultures Karasuk (1500/700 av. n. è.) et Tagar (800/200 av. n. è.) de Sibérie méridionale, baptisées ainsi par les auteurs russes, produisaient notamment des armes et des parures métalliques.La découverte et l’étude du site d’Avdar Khad s’inscrivent dans les dernières recherches permettant une meilleure connaissance des activités de métallurgie chez ces peuples des steppes. Une attention particulière porte donc aujourd’hui sur la capacité des tribus protohistoriques présentes en Mongolie et proches de la culture de Karasuk à fabriquer leurs propres objets en métal. Par ailleurs, la mise au jour d’une parure métallique en forme d’élan sur le site d’Avdar Khad est un nouvel élément typologique important qui le rapproche du contexte scytho-sibérien du VIIIe s. av. n. è.