La grâce peut-elle être performative ? Twenty Looks or Paris is Burning at the Judson Church (2009-2017) de Trajal Harrell ou la grâce après le « tournant performatif »

Fiche du document

Date

4 mai 2023

Type de document
Périmètre
Langue
Identifiants
Relations

Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1638-556X

Collection

Peren-Revues

Organisation

Université de Lille

Licences

CC-BY-NC , info:eu-repo/semantics/openAccess



Sujets proches Fr

grâce

Citer ce document

Catherine Girardin, « La grâce peut-elle être performative ? Twenty Looks or Paris is Burning at the Judson Church (2009-2017) de Trajal Harrell ou la grâce après le « tournant performatif » », Déméter. Théories et pratiques artistiques contemporaines, ID : 10.54563/demeter.1085


Métriques


Partage / Export

Résumé En Fr

Is grace still relevant for the contemporary performing arts? To answer this question, this article focuses on the historical opposition between grace and affectation. It highlights the theoretical trajectory of these concepts, which have been associated respectively with authenticity and innocence, and with pretense and theatricality. Their opposition is superimposed on another, that between man, perceived as neutral, pure and true, and woman, opaque, deceptive and volatile. The mention of the notion of grace in a seminal article by Michael Fried in the 1960s allows us to pinpoint the meanings with which grace and affectation were imbued in the mid-twentieth century in the art world. A debate seems to have emerged between, on the one hand, an essentialist conception of grace understood as presence by Fried, as well as some performance artists and postmodern dancers, and, on the other hand, the author Susan Sontag and her reflections on camp – which is a manifestation of theatricality, even affectation – and the irrelevance of the modern quest for presence. It would seem that while grace was related to the performative in performance art, it has undergone, like performativity itself, a transformation at the dawn of the twenty-first century, which has reconfigured its opposition to affectation. Trajal Harrell’s work contributes to this movement by staging an over-theatricality that exhausts the necessity of grace. This article concludes that, after the “performative turn,” grace still carries with it some traditional dynamics such as seduction and innocence, which are subverted with distancing strategies like exacerbation, parody and quotation; strategies associated to affectation, which becomes a source of pleasure for the spectator. The author coins the notion of grace of affectation, which finds echoes in several contemporary aesthetic discourses on theater and cinema.

La grâce a-t-elle encore sa place dans les arts de la scène ? Pour répondre à cette question, cet article se concentre sur l’opposition historique entre grâce et affectation. Il met en lumière le parcours théorique de ces concepts, et les notions qui leur sont associées : l’authenticité et l’innocence pour la grâce, la feinte et le théâtral pour l’affectation. À cette opposition s’en superpose une autre : entre l’homme, perçu comme neutre, pur et vrai, et la femme, opaque, trompeuse et volatile. Une occurrence de la notion de grâce dans un article séminal de Michael Fried dans les années 60 permet de mettre le doigt sur les significations dont grâce et affectation sont chargées au milieu du xxe siècle. Se révèle en sourdine un débat, opposant, d’un côté, une conception essentialiste de la grâce entendue comme présence par Fried et certains artistes de l’art de la performance (performance art) et de la danse postmoderne, et de l’autre, l’auteure Susan Sontag et ses réflexions sur le camp – qui est une manifestation de la théâtralité, voire de l’affectation – et sur l’inanité de la quête moderne de la présence. Il apparaît que si la grâce était liée à ce qu’il y a de performatif dans l’art de la performance, elle a subi, comme la performativité elle-même, une transformation à l’orée du xxie siècle, reconfigurant son opposition à l’affectation. L’œuvre de Trajal Harrell concourt à ce mouvement par sa sur-théâtralité qui épuise l’impératif de grâce. Cet article conclut que la grâce après le « tournant performatif » met encore en jeu certaines dynamiques traditionnelles comme la séduction et l’innocence, lesquelles subissent un détournement à l’aide de stratégies de mise à distance comme l’exacerbation, la parodie et la citation ; des stratégies associées à l’affectation, qui devient source de plaisir pour le spectateur. L’auteure propose l’idée d’une grâce de l’affectation, qui trouve des échos dans certains discours esthétiques contemporains.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Exporter en