30 novembre 2018
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Cécilia Bognon-Küss, « Entre chimie et biologie : nutrition, organisation, identité », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.c5zid3
Il est possible d'isoler, parmi les tentatives de définition du vivant, deux traditions concurrentes : l'une a fait de la reproduction le propre du vivant, tandis que l'autre a vu dans la nutrition puis le métabolisme (le processus matériel par lequel un organisme se maintient en transformant une matière étrangère en substance vivante) une propriété essentielle et un critère d'unification de toutes les formes vivantes. Or, le second terme de cette polarité se subdivise à son tour en un mouvement permanent d'oppositions qui semble caractériser la vie comme « tourbillon » incessant, circulation ininterrompue ou flux constant de matière entre l'intérieur et l'extérieur, les corps et leur environnement. C’est à explorer les mutations conceptuelles internes à cette seconde tradition, la nutrition et le métabolisme, que le présent travail est consacré. Comment le métabolisme s'est-il constitué en problème pour la biologie ? Cette thèse propose une analyse généalogique du concept de métabolisme compris à la fois comme pont reliant la spécificité vitale des organismes à leur.; conditions chimiques d'existence, et comme schème à travers lequel l'autoproduction et le maintien de l'identité biologique ont pu être appréhendés dans une perspective naturaliste. Cette thèse propose une histoire des développements d'une théorie matérielle, chimique, de la vie, et montre, dans le même mouvement, comment l'élaboration d'un « espace épistémique » autour du concept de métabolisme a progressivement permis de redéfinir les contours sous lesquels la question de l'identité biologique été saisie depuis.