Accords et désaccords : corporalité des rapports amoureux dans les comédies de couple de Jacques Becker

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En l’espace de sept ans, de 1947 à 1953, sortent quatre films qui forment au sein de la carrière de Jacques Becker une tétralogie parisienne, pour reprendre l’expression de Pallin et Zorgniotti dans Une histoire du cinéma français : Antoine et Antoinette, Rendez-vous de juillet, Édouard et Caroline et Rue de l’Estrapade . Tous ont pour sujet le couple, une réalité conjugale et amoureuse au fragile équilibre, subordonnée au risque du divorce et de la séparation. Au prisme d’une réalité des corps davantage que d’une réalité sociale à laquelle Becker s’est pourtant vu communément associé, ce mémoire interroge le paradoxe d’une physicalité palpable du corps filmique, saisi dans ses gestes, ses déplacements, une réalité des corps beckeriens, notamment au travail ou engagés dans une action créatrice… Le tout pour identifier ce que nous disent ces corps, dans un langage qui leur est propre, des rapports amoureux ainsi portés à l’écran. Ces considérations nous amènent à envisager ces films au prisme d’une prééminence du gestuel : Becker laisse fréquemment au geste le temps de s’accomplir, d’être mené à termes, plutôt que de l’interrompre sur le mode de l’ellipse, d’un changement de scène ou de séquence. Les gestes, mouvements et déplacements participent alors d’une évolution comportementale et corporelle des personnages, marques de la dispute ou annonciateurs de la réconciliation. L’évolution trahie par les corps est une évolution émotionnelle – écho à la transformation du personnage dans sa quête d’identité de la comédie du remariage. Et le couple beckerien s’ancre dans de fluctuants va-et-vient entre la rupture et la réconciliation, tantôt uni, tantôt désuni, tantôt réuni.