2014
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André Poisson, « Les voyages d’Ernest Chaput (1882-1943) en Turquie centrale : de Kayseri à Sivas, Malatya et vers la frontière syrienne », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.c6d23c...
Après de brillantes études, Ernest Chaput sortit de l’École normale supérieure agrégé de sciences naturelles, à 22 ans. De 1905 à 1919, il enseigna dans l’enseignement secondaire à Tours puis à Lyon. C’est là que le professeur Depéret lui proposa un sujet de thèse sur les terrasses de la Loire. Il soutint sa thèse en 1917. Réformé, il ne participa à la guerre que comme brancardier volontaire dans les hôpitaux. Recruté dans l’enseignement supérieur en 1919, d’abord à Grenoble puis à Dijon, c’est dans cette ville qu’il effectua toute sa carrière, mis à part deux années à Strasbourg et son détachement de trois ans à Istanbul de 1928 à 1931. Répondant à un appel de l’université d’Istanbul en 1928, Chaput partit aussitôt. Il conquit rapidement l’estime de tout le monde : étudiants, collègues, administration universitaire et gouvernement. On fit appel à lui pour de multiples projets géotechniques. Rapidement, il consacra l’essentiel de ses loisirs à des excursions sur le terrain dans les environs d’Istanbul, puis en Anatolie, de plus en plus loin vers l’est : ce sont ses fameux voyages. Il mesura alors l’étendue et l’importance des recherches à effectuer. À la demande de l’université de Dijon, il dut rentrer à la fin de l’année 1931. Par la suite, il revint pour des séjours de plusieurs mois chaque année jusqu’en 1939. La guerre mit fin au projet qui lui aurait permis de rester à Istanbul. Au cours de ses voyages, Chaput effectua de nombreuses observations, non seulement sur les formes du relief (sa spécialité), mais aussi sur la géologie, indispensable pour lui à la compréhension de l’évolution générale des bassins et des chaînes de montagne. Nous évoquerons ici le début de l’un de ses voyages, qui devait le conduire de Sivas vers la frontière syrienne. Ce voyage, comme les autres, a consisté en une exploration préliminaire. Cela ne l’a pas empêché de faire des découvertes géologiques importantes, tant sur le plan de la biostratigraphie, avec la récolte et l’étude des fossiles, de la pétrologie dans la série ophiolitique, et de la tectonique. Par exemple, il a ainsi daté du Burdigalien les marnes surmontant les calcaires bioclastiques et récifaux de Ishani (près de Sivas), et de l’Oligocène supérieur les calcaires lacustres du bord septentrional du bassin de Kangal (vers le sud). Ces datations n’ont guère été améliorées depuis, malgré les énormes progrès accomplis par les techniques de la biostratigraphie. Chaput avait minutieusement préparé ce voyage, ce qui lui a permis de retrouver sur le terrain ce que les anciens auteurs avaient déjà vu, et d’aller bien au-delà.