2011
Cairn
Emmanuelle Rosso, « Le portrait tardo-républicain en Gaule méridionale : essai de bilan critique », Revue archéologique, ID : 10670/1.c6f96c...
L’attribution à César d’un portrait masculin récemment découvert dans le Rhône est l’occasion d’étudier l’émergence du portrait marmoréen en Gaule méridionale : en dépit d’une intense et ancienne romanisation, ces témoins privilégiés de la culture figurative des élites ne sont pas attestés de façon assurée avant la décennie 40-30 av. J.-C., même dans le domaine funéraire. Néanmoins, pour cette période, la plupart des effigies marmoréennes connues ont été identifiées auparavant comme des portraits « officiels », ceux d’acteurs importants de l’histoire locale : Marius, Marc Antoine, Munatius Plancus… Or, outre le fait que ces identifications sont loin d’être assurées en raison de l’absence de parallèles probants dans la numismatique ou la statuaire, les caractéristiques stylistiques des portraits eux-mêmes invitent plutôt à y voir des copies julio-claudiennes de prototypes plus anciens. Les questions soulevées par l’attribution de plusieurs effigies gauloises à César sont plutôt d’ordre méthodologique : aucune d’entre elles ne s’insère dans l’un des deux types connus de l’iconographie du Dictateur. L’argument consistant à faire du portrait arlésien une pièce unique, réalisée de son vivant, n’est pas recevable : une datation stylistique aussi précise est impossible et l’identification devient indémontrable, d’autant plus qu’un phénomène de « visage d’époque » césarien est parfaitement attesté dans la Gaule méridionale tardo-républicaine. Enfin, à Arles même, les témoins relatifs à la figure de César sont plus qu’évanescents. Comme dans la plupart des provinces occidentales, une véritable diffusion du portrait officiel marmoréen n’aura lieu qu’à partir du début de l’époque augustéenne.