3 mars 2014
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Federico Ferretti et al., « En los orígenes de la geografía crítica. Espacialidades y relaciones de dominio en la obra de los geógrafos anarquistas Reclus, Kropotkin y Mechnikov », HAL-SHS : géographie, ID : 10670/1.c72cyb
La problématique de la domination est au cœur de la réflexion et du projet anarchistes qui reposent sur son antonyme : la liberté. La critique anarchiste de la domination et sa résolution passent par une conception de la liberté vue non pas comme la licence, l'anomie ni même le laisser-aller individuel, mais comme une composante à la fois personnelle et sociale. " La liberté de l'autre étend la mienne à l'infini " proclame ainsi Bakounine (1873) à la suite de Proudhon pour qui " la liberté de chacun rencontrant dans la liberté d'autrui, non plus une limite mais un auxiliaire, l'homme le plus libre est celui qui a le plus de relations avec ses semblables " (1858). La liberté, avec la question de ses limites, de son extension, de sa traduction concrète non seulement en rapport social mais aussi en rapport spatial, renvoie logiquement à la géographie (ressources, finitude, organisation du territoire). Il n'est donc pas surprenant qu'après la première vague des pionniers, davantage concernés par l'économie, la sociologie ou la politologie (Godwin, Déjacque, Proudhon, Bakounine...), la deuxième vague des théoriciens anarchistes, lorsque le mouvement adopte ce nom, comporte en son sein des géographes. Non seulement les plus connus, comme Élisée Reclus (1830-1905) et Pierre Kropotkine (1842-1921), mais aussi Léon Metchnikoff (1838-1888), Michel Dragomanov (1841-1895) ou Charles Perron (1837-1909). Ces géographes, qui signent certes leurs textes de leur nom, travaillent en concertation et en réseau, mettant leurs connaissances et leurs réflexions au service de tous.