3 novembre 2022
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Françoise Yvernault, « Deux cimetières inédits documentés par les archives de l’hôpital général de Tours », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10.34692/fp00-t303
L’étude d’archives réalisée lors de la fouille des casernes Beaumont, à Tours, a permis l’identification d’un cimetière de 72 individus dont certains présentent des membres amputés, non répertorié, dépourvu de mobilier et daté par C14 du début du XVIe au XIXe s. Le site correspond à une abbaye fondée au XIe s. et démantelée à la Révolution. Le domaine est ensuite loué à des particuliers, puis acheté par l’hôpital général et finalement transformé en caserne en 1913. Une première étude d’archives avait été réalisée lors du diagnostic, concernant l’abbaye bénédictine, où plusieurs zones funéraires avaient été identifiées ; ce nouveau cimetière, excentré à la limite de l’enclos, demeurait indéterminé. L’étude s’est alors orientée vers les archives du XIXe s., notamment le fonds de l’hôpital général, classé depuis 2011 et celui de l’école de médecine. Ces sources ont permis de proposer des hypothèses pour identifier le site. Les registres de délibérations montrent que si le domaine est acquis par l’hôpital en 1866 pour être cultivé, son étendue et son isolement permettent d’envisager de l’aménager en ambulance, ou annexe provisoire de l’hôpital. Des procès-verbaux et des correspondances attestent que l’ambulance de Beaumont est ouverte en 1870 lors d’une épidémie de variole et pour l’accueil de militaires blessés. En 1884, c’est à cause du risque d’épidémie de choléra. Des rapports et des lettres des administrateurs de l’hôpital préconisent d’inhumer les victimes à Beaumont pour éviter les risques de contagion, ce qui pourrait correspondre à une partie des sépultures découvertes en fouille. Des devis et factures indiquent des travaux de rénovation réalisés afin de la rendre permanente ; elle reste active jusqu’en 1894. La découverte dans le cimetière d’individus disséqués et de membres en surnombre dans les fosses a conduit au dépouillement du fonds de l’aumônerie de l’hôpital et de l’école de médecine, créée en 1841. Des circulaires concernant l’organisation des cours témoignent d’un enseignement pratique, chaque pathologie étudiée faisant l’objet d’une dissection sur un défunt dont le corps n’est pas réclamé par la famille. Un contrat avec une entreprise de pompes funèbres indique que les corps et fragments provenant de l’école de médecine peuvent être enterrés à plusieurs dans une boîte ou un cercueil, mais aucun lieu d’inhumation n’est indiqué. L’ouverture du cimetière de Beaumont correspond à un événement spécifique car la mortalité à l’hôpital excède largement la population découverte sur le site. Elle pourrait être liée à la fermeture du cimetière de l’hôpital en 1871. Les défunts des hospices doivent alors être inhumés au cimetière général de la ville, nettement éloigné.