2007
Cairn
Antonio Costa, « Incertitudes, ou le cinéma au plus proche du rêve », Sociétés & Représentations, ID : 10670/1.c992a6
Le vocabulaire du cinéma est souvent employé pour parler du rêve, soit parce que film et psychanalyse sont apparus à la même époque, soit plutôt parce que la position du spectateur, passif dans le noir et absorbé par le jeu des images rappelle, de loin, celle du rêveur. De telles approximations font oublier tout ce que l’introduction d’une séquence onirique – fiction dans la fiction (un personnage fictif fait un rêve fictif) – provoque dans le déroulement filmique. Le rêve a, au cinéma, trois fonctions principales. Il est parfois un événement qui influence un personnage en le troublant ou en lui révélant quelque chose de lui-même. Il est aussi, dans certains cas, un segment autonome, une sorte de parenthèse au milieu de la projection. Il sert enfin à mettre en œuvre des images insolites, prises dans un montage très rapide ou très lent, qui rompent le déroulement prévisible du récit. Ces fonctions n’existent pas en elles-mêmes ; elles dépendent de la stratégie énonciative, c’est-à-dire de la manière dont le film implique le spectateur, en l’avertissant (un personnage s’endort) qu’il va voir un songe, ou en le laissant dans l’incertitude. Au-delà d’une analogie relative, on ne doit pas oublier que le film, à la différence du rêve, est un travail rhétorique.