2021
Cairn
Baptiste Rappin, « De la flânerie. Un improbable dialogue entre F.W. Taylor et W. Benjamin », Actuel Marx, ID : 10670/1.c9dtrc
La flânerie offre un pont qui relie les rives de la gestion et de la philosophie. Cet article clarifie d’abord le sens de la flânerie chez Taylor, sa distinction entre flâneries naturelle et systématique, et l’attention spécifique porté par Taylor à cette dernière, collective, organisée et sournoise, donc plus difficilement rationalisable. Il confronte ensuite Taylor aux réflexions de Benjamin s’attachant aux métamorphoses du flâneur dans le Paris du xixe siècle, pour interroger enfin l’ambiguïté de la flânerie et son potentiel révolutionnaire : pour Taylor, la maîtrise du désir devient l’objet même du management ; pour Benjamin, la flânerie apparaît comme l’une des dernières possibilités de voir éclater l’espace-temps homogène de la Fin de l’Histoire. Le management contemporain clôt cette tension en intégrant les actions et les pensées des travailleurs dans de multiples boucles de rétroaction.