5 mai 2017
info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Quentin Chance et al., « L'agriculture libre Les outils agricoles à l'épreuve de l'open source », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.cab5c3...
Les principes fondateurs de l’open source – la capacité de partager, distribuer, modifier et reproduire des informations – sont-ils transposables à l’agriculture ? Si dans le domaine informatique, les logiciels libres sont maintenant une réalité, cela est-il transposable au domaine de l’agriculture ? Cet article examine l’hypothèse et la manière de créer et de diffuser des outils agricoles à travers des processus « libres ». Deux cas d’étude seront présentés : un logiciel de gestion pour les exploitants agricoles développé par la société éponyme, Ekylibre ; et une coopérative qui développe auprès des agriculteurs des techniques d’auto-construction d’outils agricoles, l’Atelier Paysan. Ces deux structures seront étudiées à travers leur histoire et leur forme d’organisation, la façon dont elles mettent en pratique les principes de l’open source, et en décrivant les outils qu’ils fabriquent dans leur contexte économique et social.Ekylibre et l’Atelier Paysan se réfèrent tous les deux au mouvement open source et s’investissent dans le partage des connaissances – lesquelles sont diffusées via des sites web, des démonstrations, des formations, et des forums. Ce sont des structures intimement liées à des communautés d’utilisateurs. Toutefois, en y regardant de plus près, on s’aperçoit que l’architecture, la matérialité et l’aspect financier des outils développés par Ekylibre et l’Atelier Paysan présentent des différences.Dans la littérature académique, l’open source est généralement conceptualisé comme un projet politique et éthique, tributaire d’une forme de sociabilité et de communautarité bien particulière. L’article montre qu’il faut problématiser et détailler davantage en retraçant empiriquement comment l’open source se matérialise au cas par cas. Si on peut concevoir certains outils comme des objets politiques, le terme politique ne renvoie pas à la même chose. Bien que Ekylibre et l’Atelier Paysan soient tous les deux liés à des communautés d’usagers, ces dernières sont organisées différemment et les échanges monétaires se font de façon distincte. L’idée d’open source ne se traduit, dans la pratique, pas seulement par des outils visant à être libres, partageables, collectifs, etc. Il faut aussi, selon nous, examiner de quelle manière et jusqu’à quel degré des outils open source peuvent être qualifiés comme tel et ainsi préciser ce qu’on entend par “politique” au cas par cas.