2011
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Dan Savatovsky, « "Une néo-rhétorique d'école (1985-2005)" », HAL-SHS : linguistique, ID : 10670/1.cb0d75
Cet article porte sur les tentatives de « refondation » de la discipline français au sein de l’enseignement primaire et surtout secondaire entre 1985 et 2005. On vise à analyser le sens d’une telle tentatives à travers les textes du curriculum formel, en s’attachant plus particulièrement aux classes du lycée (programmes, définition des épreuves d’examen). Cette analyse est d’abord menée d’un point de vue rétrospectif : si « refondation » récente de la discipline il y a, il faut s’interroger sur ce qu’a été la première « fondation » du français, entreprise entre 1880 et 1900, c’est-à-dire sur l’évolution à l’issue de laquelle le français a acquis son autonomie par rapport aux humanités : abandon des présupposés d’un enseignement contrastif et création des exercices de type métadiscursif, ceux qui font appel à des savoirs exogènes (comme l’histoire littéraire), au premier rang desquels, l’explication de textes français et la dissertation littéraire. L’un des traits marquants de la néorhétorique est la restauration des pratiques qui ont été abandonnés à la fin du XIXe siècle, avec des exercices consistant à transformer des textes ou des énoncés. Elle se caractérise aussi par l’émergence du thème de la « maîtrise de la langue » dans le discours scolaire – un thème lié aux principales visées de la refondation du français : accorder une dimension civique à l’enseignement de la discipline ; décrire et classer les usages langagiers en vigueur dans d’autres disciplines (le français comme langue d’enseignement et non plus seulement comme langue enseignée) par le recours à la typologie des textes et des discours ; décrire et promouvoir le langage comme outil de pensée. La néorhétorique actuelle se caractérise ainsi par les exercices du faire, qui consistent davantage à transformer (réduire, amplifier, rectifier, etc.) ou à prolonger des textes qu’à les commenter : le résumé-discussion (au baccalauréat du milieu des années 1980) et le travail d’écriture articulé à « l’étude d’un texte argumentatif » (au baccalauréat depuis le milieu des années 1990) ou l’exercice d’« invention » (au brevet des collèges).