Becoming a Dietitian in the Digital Era: How to Reconcile Professional Ethics and the Quest for Visibility on Social Media Devenir diététicien.ne à l’ère du numérique : comment concilier éthique professionnelle et quête de visibilité sur les réseaux sociaux En Fr

Résumé En Fr

This presentation, entitled "Becoming a Dietitian in the Digital Era: How to Reconcile Professional Ethics and the Quest for Visibility on Social Media," is part of the research conducted within the ANR ALIMNUM program (ALIMentation and NUMerique). It examines the tensions faced by dietetics students as they consider incorporating social media into their professional practices and explores the possibilities of balancing professional ethics with digital performance.The presentation explored how young dietetics students perceive social media as strategic tools for enhancing their profession, educating the public, and combating nutritional misinformation. It draws on empirical research conducted with two classes of BTS dietetics students (57 participants in focus groups, 15 in-depth individual interviews, and 51 responses to a questionnaire). This school was studied as a specific case, not with a representative aim, but to raise important issues that could later be explored more broadly within a larger sample of dietetics students or professionals. This study highlights both the potential benefits and the technical and ethical challenges of using social media in professional contexts.The results show that only 7 out of 51 students reported having a public activity related to nutrition on social media. However, one-third of the participants plan to develop such activity after graduation, and nearly half do not rule out the possibility. Students perceive social media as a lever to increase their visibility and credibility, as well as a means to share their values and educate the public about good nutritional practices. However, they face a profound dissonance: their training instills principles they fully embrace, such as demystifying food, emphasizing the pleasure of eating, and personalizing advice. Yet, they observe that these approaches are at odds with the dominant expectations on social media. These platforms often favor simplified messages, miracle cures, and a labor ethics embodied by figures like "fit girls," who promote discipline and effort. For these students, becoming attractive and credible as validated health influencers will require striking a balance between respecting their professional values and adapting to the codes of these platforms while striving to promote more nuanced public health messages.Interviews and focus groups reveal four main tensions faced by students:A contrast between the demystification of food promoted by their training and the perfectionism and obsession often conveyed on social media.The demand for physical exemplarity to be credible on platforms, which conflicts with their desire not to reduce professional legitimacy to appearance.A tension between normalization and spectacular transformation, the latter often being valued on social media while their training emphasizes a balanced and realistic approach.The challenge of reconciling personalized dietary advice with message standardization, the latter being favored by digital formats to reach a wide audience.The example of a successful dietitian influencer, who achieved one of the highest follower counts on Instagram, was presented to illustrate winning strategies on social media. With over 500,000 Instagram followers and a strong presence on TikTok and YouTube, she combines nutritional vulgarization, refined aesthetics, and diversified content (recipes, sports, lifestyle) while adapting her positioning to the social media audience. This early success in audience growth, supported by a digital communication consultancy, raises questions about balancing professional ethics and the effectiveness of digital communication strategies. Over time, however, purely dietetic content seems to become rarer, replaced by more visually appealing formats (short videos of the influencer in beautiful landscapes, indulgent recipes without nutritional information) that lack direct connections to health promotion topics.In conclusion, this presentation highlights the critical role that dietitians could play more effectively on social media as accessible and credible references for the general public. It emphasizes the students' dismay at the dissonance between the ethics of their profession, the values instilled during their training, their approach to nutrition practice, and the dominant expectations and practices on social media. It also underlines the importance of designing adapted communication models that reconcile visibility and credibility while preserving the ethical values of the profession. Finally, it calls for adjustments in the initial training of dietitians, incorporating skills in digital communication and critical analysis of social media.

Cette communication, intitulée "Devenir diététicien.ne à l’ère du numérique : comment concilier éthique professionnelle et quête de visibilité sur les réseaux sociaux", s’inscrit dans le cadre des travaux menés au sein du programme ANR ALIMNUM (ALIMentation et NUMérique). Elle s'intéresse aux tensions auxquelles les étudiants en diététique font face lorsqu’ils envisagent d’intégrer les réseaux sociaux dans leur pratique professionnelle, et interroge les possibilités de concilier éthique professionnelle et performance numérique.L’intervention a exploré comment les jeunes en formation diététique perçoivent les réseaux sociaux comme des outils stratégiques pour valoriser leur profession, informer le grand public et contrer les fausses informations nutritionnelles. Elle s’appuie sur une enquête empirique menée auprès de deux classes de BTS diététique (57 participants en focus groups, 15 entretiens individuels approfondis et 51 réponses à un questionnaire). Cette école a été étudiée comme un cas spécifique, non dans une visée représentative, mais dans l’objectif de soulever des problématiques importantes qui pourront être explorées ultérieurement sur un échantillon plus large d’étudiants ou de professionnels en diététique. Cette étude met en lumière les bénéfices potentiels, mais aussi les défis techniques et éthiques liés à l’usage des réseaux sociaux dans le cadre d’une activité professionnelle.Les résultats montrent que seuls 7 étudiants sur 51 déclarent avoir une activité publique en lien avec la nutrition sur les réseaux sociaux. Cependant, un tiers des participants envisagent de développer ce type d’activité une fois diplômés, et près de la moitié n’exclut pas cette possibilité. Les étudiants perçoivent les réseaux sociaux comme un levier pour accroître leur visibilité et crédibilité, mais également comme un moyen de partager leurs valeurs et d’éclairer les internautes sur les bonnes pratiques nutritionnelles. Toutefois, ils sont confrontés à une profonde dissonance : leur formation leur inculque des principes auxquels ils adhèrent pleinement, comme la dédramatisation de l’alimentation, la valorisation du plaisir alimentaire et la personnalisation des conseils, mais ils constatent que ces approches sont à contre-courant des attentes dominantes sur les réseaux sociaux. Ces derniers privilégient souvent des messages simplifiés, des remèdes miracles et une éthique du labeur incarnée par des figures comme les "fit girls", qui valorisent la discipline et l’effort. Pour ces étudiants, devenir attractifs et crédibles en tant qu’influenceurs santé validés nécessitera de trouver un équilibre entre respect de leurs valeurs professionnelles et adaptation aux codes de ces plateformes, tout en cherchant à promouvoir des messages de santé publique plus nuancés.Les entretiens et focus groups révèlent quatre tensions principales auxquelles les étudiants sont confrontés :Une opposition entre la dédramatisation de l’alimentation promue par leur formation et les attentes de perfectionnisme et d’obsession souvent véhiculées sur les réseaux sociaux.L’exigence d’une exemplarité physique pour être crédible sur les plateformes, qui entre en contradiction avec leur souhait de ne pas réduire la légitimité professionnelle à l’apparence.Une tension entre la normalisation et la transformation spectaculaire, ces derniers aspects étant souvent valorisés sur les réseaux sociaux tandis que leur formation insiste sur une approche équilibrée et réaliste.La difficulté de concilier personnalisation des conseils diététiques et standardisation des messages, cette dernière étant favorisée par les formats numériques pour toucher une large audience.L’exemple d’une diététicienne influenceuse qui obtient un des meilleurs nombre de "followers" sur le réseau social Instagram, a été présenté pour illustrer les stratégies gagnantes sur les réseaux sociaux. Avec plus de 500 000 abonnés sur Instagram et une forte présence sur TikTok et YouTube, elle combine vulgarisation nutritionnelle, esthétique soignée, et diversification des contenus (recettes, sport, lifestyle), tout en adaptant son positionnement au public des réseaux sociaux. Ce début de réussite en termes d’augmentation de l’audience, soutenu par un cabinet de conseil en communication numérique, pose toutefois la question de l’équilibre à trouver entre le respect de l’éthique professionnelle et l’efficacité des stratégies de communication numérique. En effet, le temps passant, le contenu purement diététique semble se faire plus rare, au profit de mises en scène plaisantes (video courtes de l'influenceuse dans des beaux paysages, recettes gourmandes sans information nutritionnelle...) et sans contenu en lien avec des questions de promotion de la santé. En conclusion, cette intervention met en évidence le rôle crucial que pourrait jouer plus efficacement les diététiciens sur les réseaux sociaux en tant que références accessibles et crédibles pour le grand public. Elle souligne le désarroi des étudiants face à la dissonance entre l'éthique de leur profession, les valeurs inculquées durant leur formation, leur approche de la pratique nutritionnelle, et les attentes ainsi que les pratiques dominantes sur les réseaux sociaux. Elle souligne également l’importance de réfléchir à des modèles de communication adaptés, permettant de concilier visibilité et crédibilité tout en préservant les valeurs éthiques de la profession. Enfin, elle invite à envisager des ajustements dans la formation initiale des diététiciens, intégrant des compétences en communication numérique et une analyse critique des réseaux sociaux.

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