Les villes nouvelles des années 1960 ont donné une place déterminante au localisme. Parmi elles, le Vaudreuil ville nouvelle (Val-de-Reuil) représente sans doute le triomphe de cette grande utopie. Incarnée par le Droit à la ville de H. Lefebvre, cette façon de penser les rapports sociaux et la citoyenneté par la base fait toujours l’objet des politiques de la ville depuis trente ans. L’article montre comment les configurations relationnelles et les affiliations socioprofessionnelles des « bâtisseurs » du Vaudreuil dans différentes sphères (culturelles, techniques et politiques) ont structuré intellectuellement, historiquement et géographiquement cette pensée localiste. Il en résulte une remise en cause de cette conception manichéenne et statique de l’espace politique – le centre contre la périphérie – au profit d’une vision réticulaire, où les différents territoires mentaux de l’action publique autour du Vaudreuil constituent ses « lieux mémoire » symboliques. Aux connivences tant décriées entre « notables et administrations » des années 1960 succède un modèle de pouvoir plus diffus et décentralisé, représenté par des liaisons profitables aux mouvements gauchistes et au socialisme autogestionnaire.
The 1960s French new towns were influenced by the utopia of localism. Le Vaudreuil (Val-de-Reuil) is a good illustration. After Henri Lefebvre’s The Right to the City (1968), social relations and citizenship are still perceived by urban planners as a bottom-up process. The paper shows how the configuration of relations and the socio-professional affiliations of Le Vaudreuil « builders » intellectually, historically and geographically structured this localist approach in the cultural, technical and political spheres. The result is an alternative to the dual and static vision of the political sphere as « the centre against the periphery ». It gives room to a more networked vision in which the distinct mental spheres of Le Vaudreuil public policies become its symbolic places of memories. The hidden complicity between City Councillors and central government officers which was firmly criticised in the 1960s was replaced by a more diffused and decentralised model of power. Such a change was beneficial for left-wing movements and self-governing socialism.
ResumenLas nuevas ciudades construidas en los años sesenta han dado lugar a una reafirmación del localismo. Una de ellas, la nueva ciudad de Vaudreuil, representa por si sola sin duda el triunfo de esta gran utopia. Incarnada por el « derecho de vivir en la ciudad » de H. Lefebvre, esta manera de concebir las relaciones sociales y la ciudadania a partir de la base ha sido constantemente, desde hace treinta años el objeto de las políticas urbanas. El artículo muestra como las configuraciones de relaciones y las afiliaciones socioprofesionales de los « constructores » de Vaudreuil a nivel de esferas diferentes (culturales, tecnicas y políticas) han estructurado intelectual histórica y geográficamente este pensamiento localista. El resultado es la puesta en duda de esta vision maniquea y extática del espacio político –el centro contra la periféria - aventajando una visión reticular donde los diferentes territorios mentales de la acción constituyen « lugares de memoria » simbólicos. La connivencia entre los caciques y los organismos de los años sesenta tan a menudo denunciada es substituida por un modelo de poder mas difuso y descentralizado, representado por conexiones provechosas para los movimientos izquierdistas y para la autogestion socialista.
